Mais ne savons-nous pas tous cela ? Oui et non. Nous ne le savons pas dans la mesure où nous avons perdu mémoire du fait que l'homme, s'il doit devenir ce qu'il est, a toujours le Dasein précisément à prendre sur ses épaules. Nous avons perdu mémoire du fait que ce qu'il est, l'homme ne l'est justement pas quand il se laisse seulement entraîner dans un branle-bas général, serait-il même "intellectuel". Nous avons perdu mémoire du fait que le Dasein n'est rien qu'on promène pour ainsi dire en voiture, mais bien quelque chose qu'il faut que l'homme assume expressément {…}
Il faut que l'homme se décide d'abord encore une fois à cette exigence. La nécessité de cette exigence est le contenu de l'instant de notre Dasein, instant refusé et du même coup annoncé.
A quoi donc le Dasein doit-il se décider ? Il doit se décider à se procurer lui-même d'abord encore une fois le savoir de bon aloi à propos de ce en quoi consiste ce qui véritablement le rend possible lui-même. Et cela qu'est-ce que c'est ? C'est le fait que, pour le Dasein comme tel, doit être en vue toujours à neuf l'instant dans lequel il se porte devant lui-même comme devant ce qui engage véritablement. Devant lui-même — non pas comme devant un idéal rigide ni devant un tableau original fixement accroché, mais devant lui-même comme devant ce qui, précisément, doit d'abord encore une fois s'arracher la possibilité propre pour s'assumer en elle."
Martin Heidegger, Les concepts fondamentaux de la métaphysique. Monde.finitude.solitude, Gallimard, 1992, p. 248-249
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