jeudi 21 janvier 2016

Séminaire génétique : autour de « Hegel et Husserl sur l’intersubjectivité » (Fonds Ricœur)

Ce séminaire inaugure un cycle d’initiatives visant à valoriser les manuscrits et les autres documents conservés dans les Archives Ricœur, en promouvant leur étude dans une perspective génétique, dans le sillage des activités analogue promues à l’Institut des Textes et Manuscrits Modernes (I.T.E.M.).

Tout en respectant les dernier vœux de Ricœur – qui dans son testament a interdit la publication de ses manuscrits – il s’agira néanmoins d’expérimenter une voie pour rendre perceptible l’importance de ses archives, qui nous permettent de comprendre l’allure spécifique et la méthode de son écriture philosophique, aussi bien que les cibles critiques, les sources et les allusions que la publication a souvent tendance à estomper. C’est en rentrant dans l’atelier où se fabrique le texte qu’on peut cerner la spécificité de l’écriture philosophique d’un auteur et suivre pas à pas les traces d’une pensée qui se crée, selon un processus en devenir qui est souvent l’issue d’une confrontation serrée avec la tradition, investie de nouvelles significations.
Dans cette perspective un travail génétique sur l’essai « Hegel et Husserl sur l’intersubjectivité » - qui fera l’objet du séminaire de cet année – présente un triple intérêt. En premier lieu, il représente une expression paradigmatique du « corps à corps » spéculatif de Ricoeur avec deux interlocuteurs qui ont joué un rôle majeur dans son itinéraire intellectuel, bien que dans une mesure différente. En deuxième lieu, le terrain de cette confrontation est le thème de l’intersubjectivité, sur lequel Ricœur n’a pas cessé de s’interroger dès les années 50, en assumant une position qui dans un premiers temps se réclame de Kant, selon une orientation à la fois anti-hégélienne et anti-husserlienne: à travers l’usage des sources inédites le séminaire envisage d’éclaircir les circonstances, les médiations et les  raisons théoriques qui conduisent Ricoeur à abandonner la voie kantienne et à réévaluer plutôt la conception husserlienne de l’intersubjectivité, en tant que hypothèse alternative à la doctrine hégélienne de l’Esprit objectif, telle qu’il l’interprète. Enfin, l’étude génétique de cet essai – qui ouvre notamment la section du volume « Du Texte à l’Action » intitulée « Idéologie, Utopie et Politique », consacrée aux expressions de l’«imaginaire sociale » - pourra apporter une contribution précieuse aux recherches autour du thème de l’imagination, que le Fonds Ricoeur a érigé à fils conducteur unitaire de ses activités.
Après une première séance introductive – visant à présenter thématique et méthodologie – toute séance du séminaire sera structurée en deux parties : dans la première partie on discutera problèmes de datation et de déchiffrement concernant les manuscrits envisagés; dans la deuxième partie on présentera et on examinera la contribution que les documents d’archives offrent pour une meilleure compréhension de l’essai en question.
 Les séances auront lieu – de janvier à juin - le dernier jeudi  du mois dans l’espace documentaire du Fonds Ricoeur, de 14 h à 17 h.

Première séance :  Jeudi 28 Janvier, 14-17 h
14 – 15.30 : « Critique génétique et philosophie : genèse du texte et genèse d’un thème » (Roberta Picardi).
15.30 – 17 : « Ni Hegel ni Husserl : Ricœur et Kant sur l’intersubjectivité » (Chiara Pavan et Roberta Picardi).

Suggestions de lecture pour la première séance: « Sympathie et respect » (1954) et  « Kant et Husserl » (1954-55) in P. Ricoeur, À l’école de la phénoménologie, Paris, Vrin, 1986, pp. 267-284 et pp. 227-250.

 Nous sommes au téléphone depuis une dizaine de minutes, je ne suis pas du tout à l'aise : —Attends s’il te plaît, lui dis-je, donne-moi...