Blanchot encore, toujours…, résolument!
"Il poursuivait, en nageant, une sorte de rêverie dans laquelle il se confondait avec la mer. L'ivresse de sortir de soi, de glisser dans le vide, de se disperser dans la pensée de l'eau, lui faisait oublier tout malaise. Et même, lorsque cette mer idéale qu'il devenait toujours plus intimement fut devenue à son tour la vraie mer où il était comme noyé, il ne fut pas aussi ému qu'il aurait dû l'être: il y avait sans doute quelque chose d'insupportable à nager ainsi à l'aventure avec un corps qui lui servait uniquement à penser qu'il nageait, mais il éprouvait aussi un soulagement, comme s'il eût enfin découvert la clé de la situation et que tout se fût borné pour lui à continuer avec une absence d'organisme dans une absence de mer son voyage interminable.
L'illusion ne dura pas.
Il lui fallut rouler d'un bord sur l'autre, comme un bateau à la dérive, dans l'eau qui lui donnait un corps pour nager. Quelle issue ? Lutter pour ne pas être emporté par la vague qui était son bras ? Etre submergé ? Se noyer amèrement en soi ? C'eût été certes le moment de s'arrêter, mais un espoir lui restait, il nagea encore comme si au sein de son intimité restaurée il eût découvert une possibilité nouvelle.
Il nageait, monstre privé de nageoires. Sous le microscope géant, il se faisait amas entreprenant de cils et de vibrations. La tentation prit un caractère tout à fait insolite, lorsque de la goutte d'eau il chercha à se glisser dans une région vague et pourtant infiniment précise, quelque chose comme un lieu sacré, à lui-même si bien approprié qu'il lui suffisait d'être là, pour être ; c'était comme un creux imaginaire où il s'enfonçait parce qu'avant qu'il y fût, son empreinte y était déjà marquée.
Il fit donc un dernier effort pour s'engager totalement. Ce fut facile, il ne rencontrait aucun obstacle, il se rejoignait, il se confondait avec soi en s'installant dans ce lieu où nul autre ne pouvait pénétrer.
Finalement il dut revenir…"
Maurice Blanchot, Thomas l'obscur, Gallimard, 1950, pp.11-12
mercredi 26 décembre 2012
jeudi 20 décembre 2012
lundi 10 décembre 2012
Poésie. C'est à lire
Patrick Colin nous invite, au gré des saisons et des paysages, à une promenade singulière où il s'agit, simplement, d' être là, juste là.
Extrait:
12 novembre 2007 Toulouse
Ouvert à je ne sais quoi
à l' advenue inimaginable
Je vois
une coulée de peinture verte
sur le jaune du radiateur.
De cette vision découpée
je ne tire aucune conclusion
aucune idée,
juste ce trait vert
me fait signe.
Patrick Colin, d'un chemin qui n'en serait pas un…, The bookEdition, collection arabesque, 2012
Extrait:
12 novembre 2007 Toulouse
Ouvert à je ne sais quoi
à l' advenue inimaginable
Je vois
une coulée de peinture verte
sur le jaune du radiateur.
De cette vision découpée
je ne tire aucune conclusion
aucune idée,
juste ce trait vert
me fait signe.
Patrick Colin, d'un chemin qui n'en serait pas un…, The bookEdition, collection arabesque, 2012
Apprendre à philosopher avec Heidegger
"Heidegger est un philosophe réputé difficile, tant par le thème de son oeuvre, qui est la question de l’être, que par son langage et son style même.
Sans doute ne peut-on pas dissocier le thème et le style de la langue, celle-ci étant déjà ce à travers quoi il se dit.
Les dix notions essentielles de la philosophie heideggérienne développées ici se veulent une invitation et une clé de lecture à l’oeuvre de ce grand philosophe, sans doute le plus grand du XXe siècle.
Le lecteur trouvera donc ici quelques appuis lui permettant d’entrer et de cheminer dans cette pensée poétique et rigoureuse, et peut-être d’avoir le plaisir de s'y perdre pour mieux s'y trouver."
Edith Blanquet, Apprendre à penser avec Heidegger, éditions Ellipses, 2012
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