vendredi 31 juillet 2020

Citation du jour

« Que nous aimions ou non à nous l’avouer, nous sommes des plantes que leurs racines font sortir de terre pour qu’elles puissent fleurir dans l’éther et porter des fruits. »

Johann Peter Hebel (1760-1826)

lundi 27 juillet 2020

Devenir membres du blog

Le blog fait peau neuve et intègre de nouvelles fonctionnalités, dont la rubrique "Membres" créée spécialement pour celles et ceux qui souhaitent adhérer. Aucun engagement à part celui de faire partie d'un cercle d'amis qui commence à se constituer, et dont le soutien m'est très précieux pour poursuivre cette belle aventure autour des livres, commencée en 2008 et fortement encouragée alors par la ferveur de certains proches et amis ! Hélas, longtemps laissé en veilleuse et suite à des remaniements au sein du groupe hébergeur "Blogger", le blog a perdu la liste des premiers adhérents! C'est comme ça, c'est la vie.

Comment faire pour adhérer ? Rien de plus simple : cliquez sur "S'abonner" et suivez le guide…

Comme y insiste l'édito, ce blog ne vit que par et pour les livres, j'en lis personnellement tous les jours et tout au long de l'année avec un réel plaisir, que je cherche à partager avec vous à travers le blog. Vos réactions et commentaires donneront plus de vie à ce lieu que j'ai toujours souhaité convivial et libre. Pas de langue de bois, pas de flatterie délibérée (nuisible à la créativité), mais pas non plus de propos irrespectueux ou calomnieux à l'égard des autres contributeurs pas plus qu'à mon égard.

Merci d'avance pour votre confiance.

dimanche 26 juillet 2020

Blanchot, le dernier homme

"Pourtant, ça et là, perçait une note juste, comme un cri révélant derrière le masque quelqu'un qui demandait éternellement secours sans réussir à indiquer où il se trouvait."

Maurice Blanchot, Le dernier homme, Gallimard, 1957

jeudi 23 juillet 2020

Anne Dufourmantelle

Les éditions Payot-Rivages ont l'heureuse idée de publier dans leur collection "Bibliothèque Rivages" les chroniques d'Anne Dufourmantelle initialement parues dans les colonnes du quotidien Libération.
Comme chacun sait, Anne Dufourmantelle était psychanalyste et philosophe, et qu'elle est décédée de manière tragique en Juillet 2017. 
Lecteur inconditionnel de ses livres, cités à plusieurs reprises dans ces colonnes, je ne peux que recommander celui-ci dont la lecture revigorante peut aider à cerner et à dépasser ce qui nous fait violence au quotidien. Un des thèmes plus ou moins récurrent dans l'œuvre d'Anne Dufourmantelle, c'est le consentement à ce qui arrive : "il y a ce qui arrive", écrivait-elle, et d'ajouter "Avec la part de risque certes (…), mais aussi de liberté, de choix, de courage que cela engage."
Robert Maggiori lui rend un vibrant hommage dans sa préface : "elle est l'une des rares personnes qui ont su allier les deux qualités (psychanalyste et philosophe)… Les patients garderont évidemment secrète la manière dont Anne Dufourmantelle a donné à leurs vies la force de se reprendre. Mais en réunissant ici les  chroniques qu'elle a données à Libération, on donne à tous les lecteurs la possibilité de voir comment la psychanalyste et la philosophe a su, dès leur apparition symptômale, déceler les pathologies, les travers, les difficultés que connaît notre société, et qui pour se révéler empruntent parfois les voies les plus inattendues."

Anne Dufourmantelle, Chroniques, Payot/Rivages, 2020

Citation du jour

"Notre humaine aussi bien qu'inhumaine condition ne nous laisse aucun répit, de sorte que tout être se trouve aux prises avec l'étrange murmure : Qui es-tu ?Que fais-tu de ta vie ? Comment te comportes-tu ?Pourquoi te laisser entraver par la peur ? Pourquoi t'empêches-tu de vivre ? Abats les murs derrière lesquels tu te blottis. Et avance. Avance. Crée toi-même la lumière dont tu as besoin…"

Charles Juliet

mardi 21 juillet 2020

Charles Juliet écrit à Paul Cézanne

Envie soudain de relire ce magnifique livre de Charles Juliet consacré à ce "grand vivant" qu'était, qu'est Cézanne. Magnifique à double titre, d'abord pour la beauté de l'écriture propre à Charles Juliet, et aussi parce que chaque page du livre est accompagné d'un tableau du peintre. L'auteur ne parle pas de Cézanne, il lui parle de manière directe, sous forme d'une lettre, courte, profonde, passionnée, exigeante…On sait de Cézanne cette fameuse réplique : "Je cherche en peignant…" Que cherchait-il ? On est amené à poser la même question à Charles Juliet, que cherche-t-il dans l'œuvre du maître ? Probablement la même chose : "Peindre ou écrire, ce n'est rien d'autre que partir à la découverte de soi, tout en convertissant en toile ou en poèmes ce que recèle la nuit intérieure", écrit-il. 
L'auteur se souvient que Cézanne mentionne souvent l'importance de la sensation. Mais, questionne-t-il, quoi de plus fuyant, de plus insaisissable qu'une sensation ? Comment la retenir ? la déchiffrer ? 
"En devenant attentif à ce qui naissait puis se développait en vous —sensations, perceptions, émotions diverses, états si complexes qu'ils ne peuvent être nommés…— il est certain que vous avez été contraint d'entreprendre un voyage en vous-même. Si vous le permettez, j'aimerais m'attarder quelque peu sur ces problèmes." Pourquoi s'attarde-t-il ici, me suis-je demandé ? Il me suffit de relire d'autres textes de Juliet pour être fixé, en effet ses écrits ne portent-ils en eux comme un long sillon toutes les perceptions, les sensations et émotions contenues dans l'expérience et dans la quête de soi ?
Ce qui intéresse Charles Juliet et qui lui fait marquer un temps d'arrêt c'est, que voit le regard de Cézanne lorsqu'il se porte sur un objet ? "Plusieurs facteurs —peur, désirs, avidité, projections diverses…— peuvent intervenir pour modifier l'image qu'il en reçoit. A celle-ci succède la sensation, laquelle naît à l'intime de l'être, là où fusionnent les constituants de notre personnalité. Mais une question surgit : cette image-sensation est-elle dans un rapport de justesse, de fidélité, d'exactitude relativement à l'objet qui l'a suscitée ? Ou se trouve-t-elle comme gauchie, déjetée, mensongère ? En ce cas, comment prendre conscience de cette sorte de non-concordance entre l'objet vu et la sensation qui lui est liée ?"
Les questions de Charles Juliet à Cézanne sont adressées aussi à lui-même, et par voie de ricochet au lecteur. Nous sommes conviés, en compagnie du peintre et de l'écrivain, à rejoindre cette voie étroite mais essentielle, celle qui mène vers les terres inexplorées de notre être profond et son rapport au monde dans sa complexité avenante ! Bonne lecture.

Charles Juliet, Un grand vivant, Paul Cézanne, Flohic Editions, 1997 (2 ème édition)

vendredi 10 juillet 2020

Heidegger dans le texte

"…il faut que l'exigence extrême soit annoncée à l'homme. Je ne parle pas d'une exigence quelconque, de telle ou telle exigence, mais de l'exigence adressée à l'homme purement et simplement. Et qu'est-ce que c'est ? C'est le fait que de l'homme est exigé le Dasein comme tel, c'est le fait qu'il lui est remis comme tâche — d'être le là.
Mais ne savons-nous pas tous cela ? Oui et non. Nous ne le savons pas dans la mesure où nous avons perdu mémoire du fait que l'homme, s'il doit devenir ce qu'il est, a toujours le Dasein précisément à prendre sur ses épaules. Nous avons perdu mémoire du fait que ce qu'il est, l'homme ne l'est justement pas quand il se laisse seulement entraîner dans un branle-bas général, serait-il même "intellectuel". Nous avons perdu mémoire du fait que le Dasein n'est rien qu'on promène pour ainsi dire en voiture, mais bien quelque chose qu'il faut que l'homme assume expressément {…}
Il faut que l'homme se décide d'abord encore une fois à cette exigence. La nécessité de cette exigence est le contenu de l'instant de notre Dasein, instant refusé et du même coup annoncé.
A quoi donc le Dasein doit-il se décider ? Il doit se décider à se procurer lui-même d'abord encore une fois  le savoir de bon aloi à propos de ce en quoi consiste ce qui véritablement le rend possible lui-même. Et cela qu'est-ce que c'est ? C'est le fait que, pour le Dasein comme tel, doit être en vue toujours à neuf l'instant dans lequel il se porte devant lui-même comme devant ce qui engage véritablement. Devant lui-même — non pas comme devant un idéal rigide ni devant un tableau original fixement accroché, mais devant lui-même comme devant ce qui, précisément, doit d'abord encore une fois s'arracher la possibilité propre pour s'assumer en elle."

Martin Heidegger, Les concepts fondamentaux de la métaphysique. Monde.finitude.solitude, Gallimard, 1992, p. 248-249 

 Nous sommes au téléphone depuis une dizaine de minutes, je ne suis pas du tout à l'aise : —Attends s’il te plaît, lui dis-je, donne-moi...