—"C'est juste du soleil, chéri. Ça se regarde, c'est tout. Ce n'est rien que de la lumière par terre. Ce soleil ne se mange pas. C'est sale."
Si l'enfant imaginaire avait pu comprendre ses paroles, il se serait dit une chose du genre :
—"Chacun de ses mots est un coup amorti qui fait voler mon espace en morceaux."
"Juste du soleil" —mais c'était ma flaque, ma flaque à moi!
"Ça se regarde, c'est tout." Mais je l'ai entendu. Je l'ai senti aussi!
"Rien que de la lumière par terre." Comment cela ?
"C'est sale." Mais j'étais dedans.
Lorsque la mère se tait, tout est en morceaux. Le monde originel s'est désintégré.
On gagne et on perd quelque chose en mettant des mots sur l'expérience. On y perd en plénitude, vérité ressentie, richesse et honnêteté."
Daniel N. Stern, Le moment présent en psychothérapie. Un monde dans un grain de sable, p.173. Odile Jacob, 2003