Il y a un mois R… était donnée mourante, cela ne l'a même pas impressionnée: "La peur de la mort ? Je ne connais pas", me confie-t-elle en souriant.
— "Vous êtes donc prête à partir…?"
— "Ohoo… oui!, me fit-elle, en levant les bras au ciel.
A bientôt centenaire, elle n'éprouve aucun regret, à part un seul, me murmure-t-elle: celui de ne plus pouvoir lire!
Je lui dis que je la comprends.
Est-ce ce goût, cette passion commune pour les livres qui me fait me sentir si proche de R…?
—"Dieu m'a accordé une longue vie, reconnaît-elle, mais à présent que mes yeux ne peuvent plus déchiffrer les lettres, les mots, et même le visage des proches… comme le vôtre, à quoi bon prolonger ce voyage?"
A cet instant, je me sens comme appelé dans l'espace lumineux d'un présent où m'est offert à la fois l'amitié et l'hospitalité, où ma propre présence se fait gratitude, émerveillement…!
Merci R…
Et à la semaine prochaine pour une autre leçon de vie.