lundi 27 avril 2015

Phénoménologie de l'intotalisable

"Face à une logique de système qui entend ressaisir le sens de ce qui est en le totalisant, l'existant fait l'épreuve délicate d'une réalité qui toujours lui échappe, qui n'est jamais ce qu'il attend qu'elle soit, qui ne cesse de contredire toute espérance de maîtrise. 
Or, penser cette réalité signifie précisément renoncer à l'exigence philosophique du système, selon laquelle nous pourrions clôturer la signification des êtres, des choses comme des événements.
Mais il ne s'agit nullement de renoncer à la philosophie, et cela ne nous voue pas davantage à l'absurdité ou au tragique supposé du monde.
D'une tout autre façon, il nous faut accéder à un type de rationalité dont la vocation n'est pas de totaliser le sens, mais de décrire ce qui est comme ce avec quoi l'on ne peut jamais en avoir fini. Telle est la vocation originaire de la phénoménologie, qui n'est pas de transformer en thème chaque phénomène qu'elle aborde, mais à l'inverse de le décrire dans la façon qu'il a de nous apparaître."

Philippe  Grosos, Phénoménologie de l'intotalisable, Cerf, 2013

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