"On dit qu'il faut un an pour se remettre d'un chagrin d'amour. On dit aussi des tas d'autres choses dont la banalité finit par émousser la vérité.
C'est comme une maladie, c'est physiologique, il faut que l'organisme se reconstitue.
Un jour, tu ne te souviendras que de bons moments (la chose la plus absurde qu'elle ait entendue).
Tu en ressortiras plus forte.
Tu dis que tu n'aimeras plus jamais mais tu verras.
La vie reprend toujours ses droits.
Etc.
Ces phrases lui arrivent, la recouvrent, la bercent. Pour être tout à fait honnête, elle a besoin de ce babil de convalescence. Toutes ces langues qui font bruire autour d'elle l'empathie, l'universalisme et le pragmatisme lui sont un lit de feuilles où déposer son misérable corps. Et cependant, elle aspire parfois au silence complet, à un cercle de proches au centre duquel elle viendrait s'asseoir, pour qu'on la regarde et qu'on l'écoute sans un mot."
Nathalie Azoulai, Titus n'aimait pas Bérénice, Roman, P.O.L, 2015, p.11-12
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