En créant "l'individu" la modernité (qu'on date de la Renaissance) serait-elle l'ultime explication de la séparation de l'homme aussi bien avec le monde qu'avec son corps?
"La fameuse phrase des Méditations (Descartes 1647) —"Je me considérai premièrement comme un visage, des mains, des bras, et cette machine composée d'os et de chair, telle qu'elle paraît en un cadavre, laquelle je désignai du nom de corps"— reconnaissable entre toutes, est à la fois datée et intemporelle. Elle aurait pu être écrite par un moine espagnol sous l'Inquisition (qui n'aurait peut-être pas employé le mot "machine", mais la même idée y aurait été présente: celle d'un assemblage d'organes dépourvu de sens).
C'est qu'au-delà de l'histoire de l'évolution des sociétés humaines (…), le détachement du corps d'avec soi-même coïncide avec le rejet des pulsions dont le corps est le siège. Le sentiment auquel ce rejet peut, dans certains cas, donner lieu est proche de la dépersonnalisation."
Janine Chasseguet-Smirgel, Le corps comme miroir du monde, PUF, 2003, p.1-2
lundi 19 mars 2018
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