"Ô moi ! Ô vie !
Ô moi ! Ô vie ! Les questions sur ces sujets
qui me hantent,
Les cortèges sans fin d'incroyants, les villes
peuplées de sots,
Moi-même qui constamment me fais
des reproches, (car qui est plus sot que moi
et qui plus incroyant ?)
Les yeux qui vraiment réclament la lumière,
les buts méprisables, la lutte sans cesse
recommencée,
Les pitoyables résultats de tout cela, les foules
harassées et sordides que je vois autour de moi,
Les années vides et inutiles de la vie des autres,
des autres à qui je suis indissolublement lié,
La question, ô moi ! si triste et qui me hante —
qu'y a-t-il de bon dans tout cela, ô moi, ô vie ?
Réponse.
Que tu es ici — que la vie existe, et l'identité,
que le puissant spectacle se poursuit
et que peut-être tu y contribueras un poème."
Walt Whitman (1819-1892) , Feuilles d'herbe, Albin Michel, 2001, p. 124-125.
Préface de Philipe Delerm
Illustration de Michele Ferri
Magnifique hommage à ce chef-d'œuvre de la poésie du XIXe siècle.
vendredi 19 février 2010
dimanche 14 février 2010
Mes élucubrations du jour
La maladie peut avoir quelque chose de bon, elle donne ce qu'on n'ose pas en temps ordinaire se donner soi-même: le temps!
Le temps de ne rien faire, sinon penser, rêver…
Voilà plus d'une semaine que je ne suis pas sorti de chez moi, sinon pour aller chez le médecin. Une bronchite traînante me maintient en repos forcé.
Mettre à profit l'immobilité pour lire, donc penser, car pour moi les deux vont ensemble, je pense toujours à partir des livres qui m'inspirent. Un bon livre c'est celui qui me renvoie à la fin à ma propre quête, comme l'exprime si bien ce poème de Hermann Hesse, l'auteur entre autres de l'inoubliable Siddhartha, roman d'initiation qui a connu le succès que l'on sait :
"Dans tous les livres du monde
N'est pas ton bonheur,
Mais leur douce voix te guide
Vers ton propre cœur.
Tout ce qu'il te faut s'y trouve:
Soleil ou ciel étoilé.
La lumière de ta quête,
C'est en toi qu'elle est.
La sagesse qu'en ces livres
Tu cherchas longtemps,
Illumine chaque page,
Est tienne à présent."
Le livre me donne à penser, à chercher ce qui au fond est déjà là, au fond de moi.
Lire c'est penser, d'abord contre soi, contre les évidences qui nous empêchent d'accéder à notre être profond.
Penser, c'est douter avant de se remettre à chercher.
Chercher ce qui est perdu, l'innocence, le rêve…, face à l'arbitraire d'un monde sans boussole ni fondement sûr.
Dans ce vide, mille et une croyances peuplent l'existence quotidienne, chacune proposant un sens au réel et au devenir. Tout cela semble répondre à une nécessité, sauf que souvent ces croyances ont tendance à devenir certitudes.
Or, on le sait depuis que l'écriture existe — c'est-à-dire depuis que l'homme s'est approprié son histoire —, les certitudes s'excluent mutuellement, chacune devenant ainsi une totalité, c'est-à-dire une folie qui s'oppose au travail de la pensée.
Car, contrairement à ce que j'affirmais en commençant, penser est un travail, un travail obligatoire en quelque sorte pour rester debout, quelles que soient nos croyances ou notre philosophie de vie. Mais debout avec et à côté des autres.
En ce qui me concerne, rester debout par la pensée et la prière, l'une appelant l'autre, sans aucun ordre déterminé à l'avance.
En me relisant, je constate après coup que j'ai repris dans ce texte spontané, sans m'en rendre compte, le titre même de ce blog: penser, rêver, chercher!
Tiens, tiens!
Le temps de l'écriture m'a fait oublier que je ne suis pas encore tout à fait guéri.
A bientôt.
Le temps de ne rien faire, sinon penser, rêver…
Voilà plus d'une semaine que je ne suis pas sorti de chez moi, sinon pour aller chez le médecin. Une bronchite traînante me maintient en repos forcé.
Mettre à profit l'immobilité pour lire, donc penser, car pour moi les deux vont ensemble, je pense toujours à partir des livres qui m'inspirent. Un bon livre c'est celui qui me renvoie à la fin à ma propre quête, comme l'exprime si bien ce poème de Hermann Hesse, l'auteur entre autres de l'inoubliable Siddhartha, roman d'initiation qui a connu le succès que l'on sait :
"Dans tous les livres du monde
N'est pas ton bonheur,
Mais leur douce voix te guide
Vers ton propre cœur.
Tout ce qu'il te faut s'y trouve:
Soleil ou ciel étoilé.
La lumière de ta quête,
C'est en toi qu'elle est.
La sagesse qu'en ces livres
Tu cherchas longtemps,
Illumine chaque page,
Est tienne à présent."
Le livre me donne à penser, à chercher ce qui au fond est déjà là, au fond de moi.
Lire c'est penser, d'abord contre soi, contre les évidences qui nous empêchent d'accéder à notre être profond.
Penser, c'est douter avant de se remettre à chercher.
Chercher ce qui est perdu, l'innocence, le rêve…, face à l'arbitraire d'un monde sans boussole ni fondement sûr.
Dans ce vide, mille et une croyances peuplent l'existence quotidienne, chacune proposant un sens au réel et au devenir. Tout cela semble répondre à une nécessité, sauf que souvent ces croyances ont tendance à devenir certitudes.
Or, on le sait depuis que l'écriture existe — c'est-à-dire depuis que l'homme s'est approprié son histoire —, les certitudes s'excluent mutuellement, chacune devenant ainsi une totalité, c'est-à-dire une folie qui s'oppose au travail de la pensée.
Car, contrairement à ce que j'affirmais en commençant, penser est un travail, un travail obligatoire en quelque sorte pour rester debout, quelles que soient nos croyances ou notre philosophie de vie. Mais debout avec et à côté des autres.
En ce qui me concerne, rester debout par la pensée et la prière, l'une appelant l'autre, sans aucun ordre déterminé à l'avance.
En me relisant, je constate après coup que j'ai repris dans ce texte spontané, sans m'en rendre compte, le titre même de ce blog: penser, rêver, chercher!
Tiens, tiens!
Le temps de l'écriture m'a fait oublier que je ne suis pas encore tout à fait guéri.
A bientôt.
lundi 8 février 2010
La trace
"Effacé avant d'être écrit. Si le mot trace peut être accueilli, c'est comme l'index qui indiquerait comme raturé ce qui ne fut pourtant jamais tracé. Toute notre écriture — à tous et si elle est jamais écriture de tous — serait ainsi : le souci de ce qui ne fut jamais écrit au présent, mais dans un passé à venir."
Maurice Blanchot
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