Pauline—…Et alors ?
Abdou— Alors, je ne sais pas comment on est arrivé à parler de la semaine sainte…C'est quelque chose qui les intrigue, surtout le Vendredi Saint, curieusement Pâques ne semble pas les étonner plus que ça, je ne sais pas pourquoi… Bref, à un moment donné, mon ami Barry, le père de famille, a posé sa tasse de thé sur la table et m'a regardé droit dans les yeux: "Dis-moi, Abdou, pourquoi ce vendredi est si particulier pour vous chrétiens?"
Pauline— Tu le sais au moins ?
Abdou— Tu te fiches de moi ou quoi? — Parce que c'est celui qui précède le dimanche de Pâques…
Pauline— Bien! mais encore…?
Abdou— Mais encore quoi ?
Pauline— Tu ne leur as pas raconté la Passion, je veux dire tout le supplice infligé à Jésus et son exécution sur une croix ?
Abdou— Si, si… un peu…Mais j'ai surtout parlé des autres acteurs autour de Jésus…
Pauline— Tu veux parler des apôtres ?
Abdou— Non, pas eux, tu sais ce jour-là, les disciples sont pratiquement inexistants…, Juda, lui, s'est déjà pendu, quant aux autres… Non, je leur ai parlé des gens qui avaient véritablement un pouvoir…de décision.
Pauline— Ponce Pilate, le procurateur romain ?…
Abdou— Oui, à commencer par Ponce Pilate. C'est lui qui pousse en effet devant lui le captif flagellé, couronné d’épines, la face déjà griffée par les stigmates de la mort…
Pauline— …Et qui s'écrie en désignant Jésus:
__”Voici l’Homme!
Abdou— Puis Pilate s’en ira laver ses mains!
Pauline— Pilate ne voulait pas livrer le Christ au supplice de la croix, mais il a cru devoir le faire…
Abdou— Tout comme Caïphe, le grand-prêtre, lui non plus ne voulait pas mettre le Christ à mort, mais il a cru qu’on ne lui pardonnerait pas s’il ne le faisait pas…
Pauline— Où veux-tu en venir avec tout ça ?
Abdou— Ce que j'ai dit à mon ami, c'est que pour moi la Passion, le supplice du Christ, c'est un message universel, au-delà de toute confession particulière, car il s’adresse aux bras et aux mains que nous sommes tous, aux bras et aux mains que nous nous contentons d’être, chaque fois que nous obéissons sans exercer notre conscience.
Pauline__ Tu veux dire que la Passion du Christ interroge notre monde sur la responsabilité de ses actes?
Abdou— C'est exactement cela, mais le monde dont il est question ce n'est pas le monde abstrait, ce n'est pas la société en général, non il s'agit de toi et moi, de chacun en particulier dans ses choix quotidiens!
Pauline— Tout cela demande réflexion…Agir en toute conscience…! Désobéir s'il le faut et assumer mon acte en accord avec ma conscience!…
Abdou— Je reconnais la difficulté…Mais comment faire autrement sans se renier soi-même ?
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