"Le cri laisse un goût amer dans la bouche, mais cette amertume vient-elle de ce que la bouche fait de lui, ou de la petitesse de notre corps à le recevoir?
Le cri est possible quand il ne triche pas. Il ne supporte pas la délégation. Faire crier, faire bégayer, faire pleurer sont des délégations alors qu'il faut juste crier pour ne pas perdre la puissance de l'affirmation. Faire crier la langue, cela revient à faire du cri une modalité passive de la langue. Et agiter le "faire" devant le cri, c'est déjà accepter la suprématie du mot et de sa syntaxe, le cri n'étant plus qu'un attribut sans intérêt de la langue, un pâle objet de médiation.
Crier pour ne plus faire crier, et la vibration commence."
Alain Milon, La fêlure du cri: violence et écriture, éditions Les Belles Lettres, 2010, pp.112-113
dimanche 31 octobre 2010
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