—Quelle est ta langue maternelle?
—Je n'en ai pas, parce que je ne suis pas!
—Je ne comprends pas bien, quel rapport avec ma question ?
—Je ne suis pas, je n'ai pas été parlée ; ma mère ne m'a jamais rien dit de moi, elle ne m'a jamais adressé sa langue…
—Tu aurais donc traversé l'enfance, toute ton enfance, muette ?
—Oui, comme un chiot errant sans attache, sans récit…
—Et aujourd'hui, c'est comment avec elle, avec ta mère je veux dire ?
—Tout sonne faux entre nous, quelque chose s'est perdu à jamais…
—A jamais, dis-tu ?
—oui, à jamais, pourtant persiste encore en moi l'illusion d'habiter un jour avec ma mère, même morte, dans la même langue!
—Afin de te permettre de sortir de ta coquille…
Oui, de ma coquille devenue encombrante, et pouvoir enfin me dire dans ma propre langue les mots que l'enfant a toujours désiré entendre…, pour m'autoriser à aimer cette mère à la fois si étrangère et si proche en même temps!
jeudi 23 juillet 2015
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Nous sommes au téléphone depuis une dizaine de minutes, je ne suis pas du tout à l'aise : —Attends s’il te plaît, lui dis-je, donne-moi...
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1 commentaire:
Il me semble que la langue "maternelle" ne soit pas celle de nos mères (et au fait, pourquoi ne parlerait-on pas de langue paternelle), mais plus prosaïquement, la langue de notre "mère l'église". Celle dans laquelle s'exprimait le prêtre lors du sermon, c'est à dire une langue vernaculaire, au contraire de la langue de la messe, qui était le latin. Bien cordialement, Jacques (nous ne nous connaissons pas, mais nous avons des amis communs)
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