Libre, loin !
Comme des chants nocturnes dans les sphères célestes.
Et voler très haut au-dessus des jours,
voilà ce que je voudrais
et chercher l'oubli (…)
au-dessus des eaux sombres
glaner des roses blanches,
donner à mon âme des ailes
et, oh Dieu, ne plus rien savoir
de l'amertume des longues nuits
où les yeux s'ouvrent grand d'étonnement
devant la détresse sans nom.
Des larmes sur mes joues
témoignent des nuits de démence,
du bel espoir délirant,
du souhait de briser les chaînes
et de m'abreuver de lumière (…)
Voir la lumière une heure seulement !
Etre libre une heure seulement !"
Ingeborg Bachmann, Toute personne qui tombe a des ailes (Poèmes 1942-1967)
Poésie/Gallimard, 2015, p. 47