— Je ne prends rien, dit-il.
— Ça m'aurait surpris, dis-je.
"Une omelette aux fines herbes!", dis-je au garçon.
— Et si les œufs ne sont pas frais ? dit Dieu.
— Vous devez le savoir, dis-je.
— Oui, dit-il, oui bien sûr.
L'omette arrivait.
— C'est bon, dis-je.
— Ah! dit Dieu, si je pouvais me payer le luxe d'être un homme.
— Qui vous en empêche ? dis-je.
— Ça ne me réussit pas, dit-il. La dernière fois encore, ils m'ont crucifié.
— C'est de votre faute, dis-je. Il faut toujours que vous vous fassiez remarquer.
— On est comme on est, dit Dieu. On ne se refait pas.
— Alors, dis-je, à quoi ça vous sert d'exister ?
— Je ne sais pas, dit Dieu, c'est comme ça. S'il y avait une raison il y a beau jeu que j'en aurais profité pour disparaître.
— Ah oui! dis-je.
— Oh, dit Dieu, c'est tout de même plaisant d'être ensemble.
— Oui, dis-je, mais les œufs ne sont pas frais. Mon foie grince.
— Vous allez peut-être mourir, dit Dieu.
— Ça vous amuserait ? dis-je.
— Non, dit Dieu. Mais je vous envie."
(Pierre Bettencourt, Conversations avec Dieu, éditions Lettres Vives, 2000)
Un tout petit livre de 65 pages, à lire avec modération et beaucoup de recul.
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