"J'aperçois, assis sous leur tente, un peu à l'écart d'un groupe de trois hommes , Abraham et Sarah. Il fait chaud.
Une fillette passe en courant, elle crie à la cantonade: "Ils attendent, ils attendent…!".
J'ai compris qu'elle parlait du patriarche et de sa compagne. Mais pourquoi attendent-ils donc, me demandais-je? Comme si elle lisait dans mes pensées, la petite fille, revenue de je ne sais où ni comment, me murmura à l'oreille droite (pourquoi droite?) :"Ils sont très vieux, et ils sont toujours seuls, sans enfant…Non, ce n'est pas tout à fait exact, se reprit-elle, Abraham s'est bien débrouillé avec leur servante Hagar, sur le conseil de Sarah, paraît-il, pour avoir un enfant: il s'appellera non pas Isaac mais Ismaël", conclut la petite fille, qui disparut aussitôt.
Je rêve, ma parole, me suis-je dis: pour rester fidèles à la promesse de Dieu, ces deux-là n'ont toujours pas d'héritier!
Sarah n'a pas arrêté de rire depuis mon arrivée. Etonné et curieux à la fois, je décide de l'aborder. Mais plus j'essaie de parler plus elle rit. Et plus elle rit, plus son rire me met en joie et plus les mots me viennent comme soufflés par son rire. Et c'est sur ce fond de rire contagieux que m'est venu spontanément ce qui suit (bizarre, je ne vois plus Abraham dans mon rêve!):
"Sarah, ô Sarah! commençais-je.
Que tu es belle!
Et dire que tu as quatre-vingt dix ans révolus! Comment as-tu fait? conserver une telle beauté à un âge si avancé! Cependant, ce qui me captive le plus chez toi, c'est ton rire…! En effet, au lieu de ton silence habituel (qu'est-ce que j'en sais?), tes mots retenus, étouffés, ton obéissance sans condition…( je projette sur elle), tu as choisi de rompre net tout cela par ce rire qui fera tant réfléchir des générations entières… Un rire entendu: comme si tu disais, "il est quand même buté ce Dieu qui annonce sans sourciller: "Sarah aura un fils!".
Or, selon les sages, physiologiquement, tu n'es plus à l'âge de porter un enfant.
Et tu as ri…
Et ce rire parvient jusqu'à Dieu; et toi, comme un enfant surpris, tu nies sans conviction.
— Tu as bel et bien ri. Ah! ce rire, Sarah!, ton éclat de rire…! C'est peut-être la première fois, après Abraham, qu'un être humain se mesure ainsi à Dieu, en refusant l'illusion.
Peut-être qu'au "catéchisme" (où je vais chercher tout "ça"?) tu as été bourrée dedans, gavée de paroles pieuses. Au lieu d'une "éducation", c'est-à-dire une manière de faire germer, sortir, enfanter à une vie nouvelle, on t'a fait avaler une "instruction" religieuse, sans que tu aies eu le temps ou le pouvoir de la mâcher, de la mastiquer, bref de faire le tri. Au lieu de l'apprentissage de la confiance qui va à la rencontre de la Parole, on t'a asséné des vérités toutes faites (Sarah rit de plus bel).
Mais ce rire, Sarah! ah! ce rire spontané a levé l'obstacle de la fausse humilité et t'a rapprochée de Dieu. Paradoxalement, il rend crédible la promesse d'un nouveau-né.
Et ça ne s'invente pas le nom que vous lui réservez à ce petit "Isaac", ce qui signifie selon les traductions: "Que Dieu rie, sourie, soit bienveillant".
Ton rire est ainsi prémices d'une joie partagée. Et bientôt (comment je sais "ça"?) tu vas jubiler, Sarah! Car cet enfant préfigure l'humanité telle que Dieu la rêve, une humanité habitée par l'Esprit de Dieu, portée par le souci de l'autre, par le devoir de nourrir et d'abriter.
Oui, bientôt Sarah! Car cet enfant annonce déjà un autre: Jésus! (Yeshoua) qui signifie "Dieu sauve".
Un Dieu qui s'incarne dans le rire pour sauver du désespoir et de la résignation.
A cet instant de mon rêve, je me mets moi aussi à rire."
Mince alors, mon propre rire m'a réveillé…
— Sara, où es-tu ?
Rien n'est perdu: tu m'as transmis ton rire, pour que je le partage!
Rions donc, amis, amoureux de la vie, vous qui consacrez du temps et peut-être votre vie entière à dire l'indicible, à rallumer la vie, à donner du pain à ceux qui ont faim, de l'eau à ceux qui meurent de soif, vous qui visitez les prisonniers, les malades, les désœuvrés, vous qui rassemblez ce qui est désuni, qui osez mettre à part un peu de temps pour penser hors des sentiers battus, qui réfléchissez à des questions dont vous n'êtes pas sûrs, comme Sarah, qu'elles soient réalisables.
Rions donc, amis, comme Sarah, parce qu'une "bonne nouvelle" est d'abord une nouvelle incroyable: c'est trop beau pour être vrai!
Et pourtant: "Y a-t-il une chose trop prodigieuse pour le Seigneur ? Au temps du renouveau, dit l'Eternel, Sara aura un fils".
A propos de Jésus, l'évangéliste Jean écrit: "A ceux qui l'ont reçu, à ceux qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. Ceux-là ne sont pas nés du sang ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme, mais de Dieu".
N'est-ce pas prodigieux ?
A bientôt, dans une semaine.
En attendant, riez, surtout de vous-mêmes! Ça fait tellement du bien!
Et laissez m'en une trace sur le blog.
4 commentaires:
Merci Alkaly pour ce courageux partage engagé au-delà de toi. Ton aventure zygomatico-biblique m'évoque un délicieux souvenir.Une seule fois dans ma vie, j'ai conservé mémoire d'un rêve euphorique. Il y a environ deux ans, pendant une sieste profonde je fus réveillé par mon propre rire. J'étais secoué par des saccades d'hilarité, envahit d'une profonde plénitude, je baignais dans une joie douce et profonde. Je ne me souviens absolument pas de l'élément onirique déclencheur de cet état de béatitude mais quelle sensation de bien-être. Plusieurs heures après mon réveil, le simple souvenir de cet état générait encore en moi une parfaite volupté. Par la suite j'ai tenté en vain de retrouver cet état. Je ne peux pas m'interdire d'associer cet évènement à Dieu. Je sais qu'à cet instant j'ai goûté subrepticement à l'indélébile Amour de Dieu. Merci Dieu d'amour de joie et de rire.
Et si Sarah avait ri simplement de joie, le bonheur de devenir mère et de porter enfin l'enfant d'Abraham ! Car tout me fait penser qu'ils s'aimaient ces deux-là et son rire arrive après la très grande souffrance due à sa stérilité ! « Vieille comme je suis, pourrais-je avoir cette joie ? Mon serviteur aussi est âgé » Elle ne dit pas "non ce n’est pas possible", elle pose une question, il reste donc de l’espoir chez elle. Et si ce n’est pas vrai, c’est quand même peut être ! En te communiquant son rire, elle t'a permis de partager sa joie. sa joie de vivre et d’envisager de bientôt donner la vie, alors qu'elle ne s'y attend plus, mais elle a tant attendu. Dans notre quotidien, il faut parfois lâcher nos attentes. Quand on n'a plus d'illusion, que tous les masques sont tombés, on se retrouve nu et on peut alors s'accueillir tel que l'on est et accueillir ce qui nous est donné, comme une renaissance. Sarah ne s’était peut être jamais résignée à ne pas avoir d’enfant, mais elle avait simplement eu le « courage de la confiance » et son rire serait alors le rire de la confiance tranquille en la vie qui se perpétue, et quelle vie en l’occurrence ! Ce rire, je l’entends comme le cri de la vie et à la vie. Ce corps flétri allait vivre à nouveau, donner la vie à un enfant et le porter jusqu’après sa naissance. Et si, après coup elle dit ne pas avoir ri, peut-être n’ose-t-elle pas, devant des hommes, montrer sa joie de femme, et montrer aussi sa confiance, car personne ne s’est encore adressé à elle…. D'ailleurs Dieu ne lui fait aucun reproche, il s'adresse là, directement à elle en lui affirmant qu'elle a bien ri. Serait-ce pour lui signifier "je t'ai entendue" ... ? C’est une histoire d’hommes racontée par des hommes, pour des hommes, mais même Abraham n’aurait pas été ce qu’il a été sans ses femmes ! Merci Alkaly de ce rêve qui s'ouvre à l'interprétation et comme tu nous y invites, rions de nous-même et rions à la vie.
Papa tu as vraiment révé de sarah?
ps: en parlant d'avoir un enfant: je veux un petit frêre =)
Je suis touché par vos commentaires, par ce que le texte vient toucher chez vous et que vous partagez ici avec simplicité et générosité!
Merci à vous.
a bientôt.
Alkaly
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