mardi 27 décembre 2011


A VOUS                                               TOUTES/TOUS


D'ICI                                               ET                                              D'AILLEURS


                                      JOYEUSES                     
                                                                                                   FETES
                                                         ET


MEILLEURS
                                                                         
                                                            VŒUX                               P O U R  
              
                                                                                                                      
                                                              20  12                                                                   

lundi 19 décembre 2011

TENIR PAROLE

"—Il faudrait donc dire que l'homme (…) en face de l'homme n'a pas d'autre choix que de parler ou tuer.
—C'est peut-être en effet la brutalité sommaire de cette alternative qui nous aiderait le mieux à nous approcher d'un tel instant: s'il arrive jamais que le moi tombe sous cette mise en demeure, la parole ou la mort, c'est qu'il est en présence d'autrui.
— Mais il faudrait donc dire aussi que la distance absolue qui "mesure" le rapport d'autrui à moi  est ce qui appelle en l'homme l'exercice du pouvoir absolu: celui de donner la mort. Caïn tuant Abel, c'est le moi qui, se heurtant à la transcendance d'autrui (ce qui en autrui me dépasse absolument et qui est bien représenté, dans l'histoire biblique, par l'incompréhensible inégalité de la faveur divine), essaie d'y faire face en recourant à la transcendance du meurtre.
—Mais ces deux transcendances sont-elles de même ordre, et que peut signifier leur débat? A Abel Caïn dit: ce par quoi tu prétends me dépasser, ta dimension d'être infini et absolument extérieur, cela qui te met hors de ma portée, je te montrerai que j'en suis le maître, car, en tant qu'homme de pouvoir, je suis maître aussi de l'absolu, et j'ai fait de la mort ma possibilité.
— C'est que, pour Caïn, cette présence infinie d'Abel qui lui fait obstacle comme une chose est donc vraiment une chose appartenant à Abel et dont il s'agit de le priver. Et, en un sens, cela n'est pas faux: cette présence, c'est aussi l'heureuse fortune d'Abel, la bénédiction, le troupeau qui se multiplie. Dès que la présence de l'autre en autrui n'est pas accueillie par le moi comme le mouvement par lequel l'infini vient à moi, dès que cette présence se referme sur autrui comme propriété d'autrui établi dans le monde, dès qu'elle cesse de donner lieu à la parole, la terre cesse d'être assez vaste pour pouvoir contenir à la fois autrui et moi, et il faut que l'un des deux rejette l'autre — absolument.
—Je remarque que Caïn, lorsqu'il veut s'expliquer avec Abel, lui dit: "Allons au dehors", comme s'il savait que le dehors, c'est le lieu d'Abel, mais aussi comme s'il voulait le reconduire à cette pauvreté, à cette faiblesse du dehors où toute défense tombe."


Maurice Blanchot, L'entretien infini, Gallimard, 1969, pp.86_87

vendredi 2 décembre 2011

C'est à lire

"Dans un livre passionnant intitulé L'aventure, l'ennui, le sérieux, Vladimir Jankélévitch évoque, en citant Nietzsche, "l'ennui de Dieu au septième jour de la création", qui "advient dans le vide hebdomadaire qui succède (…) aux heures trop remplies". L'ennui, conclut-il, "est vacuité". Le temps s'allonge, l'espace se vide, révélant un manque fondamental que rien ne peut combler. Ni le bonheur, dont l'ennui, justement, marque la "faillite", ni la conscience, qui, "comme une fêlure insidieuse", introduit en toutes choses le doute et le regret.
"Il n'y a ennui, poursuit Jankélévitch, que là où il y a conscience." Phrase essentielle, dont on peut mesurer la justesse dans de nombreux films d'Hitchcock, et qui s'entend dans deux sens opposés: trop de conscience de ce qui n'est pas suscite insatisfaction et ennui, mais celui qui s'ennuie peut aussi découvrir, avec le temps, qu'une conscience crépusculaire l'habite et le "travaille", une conscience tâtonnante, encore incertaine de son objet.
Mais, telle quelle, elle donne une orientation à l'ennui, car, mis en éveil par une vague intuition ou cette "pensée sans raisonnement" dont parle Fernando Pessoa dans Le Livre de l'intranquillité, l'ennui s'éprouve alors comme un sentiment, un sentiment d'incomplétude, qui donne au sujet, par-delà ses croyances, ses petits savoirs et ses habitudes, la mesure de sa perplexité.
Cet ennui mâtiné de conscience, qui pousse l'individu insatisfait mais ouvert au doute vers une vie plus aventureuse, qui le confronte à sa propre ombre, à des sentiments et des désirs auxquels il n'avait pas encore accès, à une image, donc, plus contrastée de lui-même, Hitchcock en a fait la trame de ses films. Je pense qu'il a dû beaucoup s'ennuyer pour avoir su si bien nous donner à vivre, par le jeu du suspense, un temps où le rythme, l'émotion et l'enfance retrouvent enfin leurs pouvoirs. Si, à travers ses personnages, il s'est lancé "dans de grandes aventures", c'est sans doute qu'il espérait, comme le poète Norge cité en exergue, qu'elles allaient lui "permettre de penser à quelque chose et de (s') ennuyer moins"."

Aimé Agnel, Hitchcock et l'ennui, une psychologie à l'œuvre, éditions ellipses, 2011, pp.4-6

jeudi 1 décembre 2011

C'est à lire

Enfin, te voilà! Depuis tout ce temps…
Depuis le temps que je t'attendais!
Depuis ce jour 30 novembre 2011, où, pensant à ta venue, et sachant que tu vivras dans un monde où l'ennui sera considéré comme une maladie incurable, j'ai pensé te révéler l'existence d'un ouvrage passionnant qui te réconciliera, je pense, avec ton enfance, tes émotions…, bref avec la vie!
Quand tu auras lu ces pages, ton univers s'élargira et ton sentiment d'ennui ne sera plus synonyme de paralysie ou de malédiction, bien au contraire elles t'ouvriront à la créativité…, éveillant curiosité et désir, tu accueilleras l'événement, l'inattendu "comme une nourriture bienfaisante et indispensable"!
Ah! oui, le titre du livre: Hitchcock  et l'ennui, une psychologie à l'œuvre, éditions Ellipses, 2011.
L'auteur ? c'est un artiste de l'âme humaine… Il s'appelle Aimé Agnel.
Bonne lecture, espérant que les moyens technologiques, mis en œuvre pour la conservation du papier, auront préservé ce petit trésor jusqu'à ce que tu le déterres…
Bien à toi.
A.C

 Nous sommes au téléphone depuis une dizaine de minutes, je ne suis pas du tout à l'aise : —Attends s’il te plaît, lui dis-je, donne-moi...