"Oïstrakh et Stern étaient amis. C'étaient de véritables amis. Cette amitié dura vingt ans sans qu'elle se démentît jamais. Seule la mort, qui n'accomplit rien, y mit un terme. La dernière fois qu'ils se virent, ce fut à Londres, en 1974. Oïstrakh n'avait que soixante-six ans alors mais il sembla à Stern qu'il avait l'air complètement épuisé. Il avait pris beaucoup de poids. (Il allait mourir trois mois plus tard.) Isaac Stern prit la main de son ami et lui dit:
— Tu es fatigué, David.
— Oui.
— Quitte ton pays. Viens te reposer.
— Je ne peux pas, Isaac. Ils ne laissent pas ma femme et mes enfants voyager avec moi.
— Alors travaille moins.
— Je ne peux pas. Si j'arrête de jouer, je pense. Si je me mettais à penser, je mourrais."
Mourir de penser, éditions Grasset, p.16
mercredi 4 mars 2015
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Nous sommes au téléphone depuis une dizaine de minutes, je ne suis pas du tout à l'aise : —Attends s’il te plaît, lui dis-je, donne-moi...
-
"Le monde où nous vivons m'est apparu, dès l'enfance, comme une vaste énigme, à la fois terrifiante et superbe, que nous avons ...
-
" Livré aux seuls gens normaux, le monde n'aurait pas un grand avenir. Cela devrait nous enseigner la tolérance et l'écoute la ...
-
"Oui. On nous oubliera. C'est la vie, rien à faire. Ce qui aujourd'hui nous paraît important, grave, lourd de conséquences, eh ...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire