lundi 17 avril 2017

Aller vers soi-même

—Tu n'arrêtes pas de me dire -"sois rationnelle" ou "tu n'es pas assez efficace, ce n'est pas comme ça que tu réussiras…, il faut apprendre à te battre si tu veux aspirer à être parmi les meilleurs…"- Mais, tu ne me comprends pas, tu ne sais pas ce que j'ai…
—Qu'est-ce que tu as ?
—Ma souffrance!
—Ta souffrance ? Tu en parles comme d'un avoir…
—Exactement, ma souffrance c'est moi-même…, j'en ai marre de ta soi-disant sagesse rationnelle, tu ne vois pas que je suis fatiguée de tout ça de toutes ces jouissances médiocres, révoltée contre tes propositions de recherche exclusive de réussite et d'efficacité ?
—Qu'est-ce tu racontes, je ne te suis plus…
—tu ne comprends donc pas que j'aspire à quelque chose de tout autre ?
—Attends, tu vas trop loin là…
—C'est vrai, ça n'est pas compréhensible…, moi-même je le réalise à l'instant, comme quelque chose d'insolite qui pourtant depuis longtemps, en moi, cherche à être audible : ma souffrance est aussi le lieu de ma délivrance…, ce n'est pas un ennemi au contraire, elle révèle mon inaptitude à m'écouter, à écouter et surtout à accueillir qui je suis, à entrer en contact avec mon être profond!
Il l'a regarde les yeux écarquillés, pour la première fois il se tait… Où est-il à ce moment ? Peut-être est-il…
Chacun peut imaginer la suite!

vendredi 7 avril 2017

Citation du jour

Voilà un des ouvrages que je trimballe avec moi, de déménagement en déménagement, depuis des années et que je ne lis ou relis que par petits bouts à chaque fois. Ainsi, ce matin. Extrait:

—"Eh bien, Wittgenstein, dites-moi, comment trouvez-vous la vie hors du giron universitaire de Cambridge ?"
C'était visiblement là un sujet que Wittgenstein était prêt à aborder avec une énergie considérable, car il se tourna rapidement vers Snow et ses yeux avaient retrouvé leur célèbre éclat quand il répliqua sèchement :
—"Infiniment préférable! La vie universitaire est détestable. Les commérages de mon domestique au Collège surpassaient de loin l'intelligence hypocrite des brillants causeurs lors des dîners. Einstein avait raison de dire qu'un bien meilleur travail intellectuel serait accompli par un cordonnier qui effectuerait sa tâche dans la journée et réfléchirait la nuit."

John L. Casti, Un savant dîner ou comment cinq philosophes et scientifiques discutent, lors d'un somptueux festin, la possibilité de créer une machine aussi intelligente que l'homme, Flammarion, 1998, p.37-38

 Nous sommes au téléphone depuis une dizaine de minutes, je ne suis pas du tout à l'aise : —Attends s’il te plaît, lui dis-je, donne-moi...