dimanche 22 décembre 2019

Lire, relire Winnicott

"Je suis consterné quand je pense aux changements profonds que j'ai empêchés ou retardés chez des patients appartenant à une certaine catégorie nosographique par mon besoin personnel d'interpréter.
Quand nous nous montrons capables d'attendre, le patient parvient alors à comprendre de manière créative, avec un plaisir intense. Et moi, maintenant, je prends du plaisir à ce plaisir plus que je n'en prenais à m'être montré intelligent. Je pense que j'interprète surtout pour faire connaître au patient les limites de ma compréhension.
Le principe est le suivant: c'est le patient, et le patient seul qui détient les réponses. Nous pouvons ou non le rendre capable de cerner ce qui est connu ou d'en devenir conscient en l'acceptant."

D.W. Winnicott, Jeu et réalité, Gallimard, 1975, p.163

vendredi 13 décembre 2019

"tu parais

ton regard s'empare du mien
m'enveloppe de silence de tendresse

ta voix garde l'empreinte
de ce qui t'a meurtrie
et pourquoi naguère n'ai-je pas été là
pour empêcher que survienne
l'épreuve qui t'a laissé cette fêlure

tu parais

mes cinq sens sont à l'affût
se tendent avidement vers ta bouche
tes seins tes flancs
vers tes mains prometteuses
c'est toi qui donnes sens et saveur
à ma vie
et pourtant tu es ma blessure
c'est toi qui me fais grandir"

Charles Juliet, Gratitude, P.O.L 2017, p. 191-192

 Nous sommes au téléphone depuis une dizaine de minutes, je ne suis pas du tout à l'aise : —Attends s’il te plaît, lui dis-je, donne-moi...