"Je me fatigue et je vous fatigue, je le sais, en cherchant vainement à décrire par des concepts et des mots ce qui, selon moi, excède en même temps toute conceptualisation ou verbalisation. Tant que l'on continue de parler, l'intellectualisme demeure sans conteste maître du terrain. On ne peut revenir à la vie en parlant. C'est un acte; pour vous faire revenir à la vie, je dois vous proposer un exemple à imiter, je dois vous rendre sourds à la parole ou à l'importance de la parole, en vous montrant, comme Bergson le fait, que les concepts au moyen desquels nous nous exprimons sont élaborés en vue de la pratique, et non du discernement."
William James, Philosophie de l'expérience. Un univers pluraliste, éditions Les empêcheurs de tourner en rond, 2007 (4ème de couverture)
mercredi 20 décembre 2017
mardi 19 décembre 2017
Charles Juliet, toujours aussi inspirant!
Après "Apaisement —Journal VIII" écrit entre 1997 et 2003, et publié en 2013, voici le nouveau tome du Journal de Charles Juliet qui nous introduit dans l'intime, les doutes, les interrogations de l'auteur, et aussi des rencontres bouleversantes, au fil des pages dont la justesse, le dépouillement, l'exigence entrainent le lecteur au cœur d'une quête qui devient, sans s'en rendre compte, la sienne aussi :
"Ce qui monte du tréfonds exige d'être écrit dans une langue nue. Si elle n'était pas d'une absolue nudité, j'aurais l'impression de trahir l'essence de ce qui cherche à venir au jour.
Comme lorsqu'on veut dire la souffrance, il ne faut pas un mot de trop".
Charles Juliet, Gratitude. Journal IX. 2004-2008, P.O.L, 2017, p. 11
"Ce qui monte du tréfonds exige d'être écrit dans une langue nue. Si elle n'était pas d'une absolue nudité, j'aurais l'impression de trahir l'essence de ce qui cherche à venir au jour.
Comme lorsqu'on veut dire la souffrance, il ne faut pas un mot de trop".
Charles Juliet, Gratitude. Journal IX. 2004-2008, P.O.L, 2017, p. 11
lundi 18 décembre 2017
Clara Dufourmantelle : «Tu m’as appris à dire oui, à plonger la tête dans l’invisible, à célébrer la vie»
HOMMAGE
Par Clara Dufourmantelle — 30 juillet 2017 à 17:06
A sa mère Anne Dufourmantelle disparue le 21 juillet
Réseau de lumières éparses dans la nuit je vous cherche encore Réseau de lumières amies venez pressez-vous autour de nos visages L’ombre nous avale
Et le rire de maman contre mon épaule
Me montre le chemin. Eteignez les lumières de la ville Eteignez les bougies Les phares de vos voitures Je cherche le rayon vert qui part du cœur Comme un ange J’ai attendu toute la nuit Je voulais entendre ta voix encore une fois Et c’est ton rire qui a explosé dans mes pensées Comme un bateau En deuil Au milieu de l’espace
Maman,
Tu m’as appris à me réjouir de chaque imprévu
Tu m’as appris à dire oui
A plonger la tête dans l’invisible et tu m’as donné une soif de vivre, une soif de célébrer la vie, qui m’habite inépuisablement et qui est au cœur de mon désir de travailler avec la scène. De créer des communautés enthousiasmées et enthousiasmantes autour de la musique, de la parole. On a écumé ensemble les musées et les opéras, tu m’as donné l’amour de la renaissance italienne, l’amour des romans, de la philosophie, l’amour de l’amour. Un jour je t’ai dit que ce qui nous différenciait toi et moi, c’était le rapport qu’on avait à la vérité. Je pensais que tu n’y croyais pas et je trouvais ça facile. J’avais tort je crois. A ta façon, un slalom tout en douceur, tu restes libre. Tu passes dans nos vies avec ton amour et tu disparais maman. Une histoire de karma. Mon problème, tu disais, c’est que je veux toujours être une fée.
Tu as toujours fait ce que tu désirais maman. Je me souviens d’une discussion sur l’héroïsme qu’on avait eue ensemble. J’étais très excitée après avoir lu un passage des séminaires de Lacan. Je trouvais ça merveilleux de définir la figure du héros comme celui qui ne cède pas sur son désir. Je crois que tu es une belle héroïne maman.
Tu as publié ton premier roman (1), tu as aimé follement et toujours comme tu le voulais toi.
Tu as ta façon bien particulière d’être hors-la-loi maman. Tu fais toujours les choses un peu à côté, avec un sourire tendre, comme pour t’excuser d’être celle qui regarde dans le sens inverse. Comme si c’était involontaire, comme si tu n’y pouvais rien. Tu as cette façon de te tromper toujours de mois ou de jour quand tu achètes des billets d’avion, de taper le rythme des chansons avec la pédale de frein dans la voiture. Tu te débrouillais toujours pour couper toutes les files, mais avec une telle tendresse que personne ne disait jamais rien. Tu avais cette façon de défendre les positions anarchistes les plus belles, les plus courageuses, avec ce petit rire d’excitation que tu as quand tu t’enthousiasmes. Tu as une force et un courage et une puissance inouïs, maman. Tu montres souvent pattes blanches mais personne n’est dupe. Moi, je ne suis pas dupe. Ta puissance, je l’accueille dans mon cœur, et j’espère que de là-haut, tu seras fière des fêtes à venir.
J’ai envie de partir de l’autre côté du monde
Maud et Gabriel dans les poches
A la recherche de la tendresse évanouie
Je fais partie de celles qui ne tombent pas maman
Je continuerai à danser comme si la Terre allait arrêter de tourner
Comme tu me l’as appris
Fontaine végétale tes mains délicates portent l’anneau colombien
Depuis des années
J’ai peur des départs maman
J’ai peur de ton départ
J’ai constitué une armée d’enfants soldats qui dans cette maison ont fait venir les aurores boréales dont tu me parlais quand j’étais petite
Tu étais là, assise par terre, derrière la table de papy Alain
Et ce goût de liberté tendre et joyeuse
Arrimée à tous ceux qui t’entourent
Etait là, avec nous
On refait le monde maman. On refera le monde maman, comme tu m’as appris, toujours à la pointe de l’épée. Je regarde papa peindre depuis petite tu sais. Il fait toujours venir la lumière de l’obscurité. C’est grave et léger à la fois, la joie.
Ode à toi maman. Ode à la joie partagée. Ode à nos fous rires qui nous faisaient quitter les salles d’opéra. Je le convoque aujourd’hui autour de ton corps que j’aime et qui repose tendrement à côté de cette maison que tu aimes tant.
Le monde entre comillasnous arrive toujours avec un temps de latence, les monstres se cachent derrière le figuier du jardin
J’ai appris à leur parler dans la nuit
La peine comme un trou au milieu de la poitrine duquel Salen flores mama
Salen flores y ojos verdes abiertos en el río
Les magiciens aux voix blessées écrivent des comptes dans les placards
Un jour, je te les murmurerai à l’oreille
J’ajoute une chose,
Hier, le grand feu a embrasé l’horizon. J’écoutais les merveilleux amis s’inquiéter pour nous et préparer les bagages, au cas où. L’électricité était coupée à la maison. J’ai eu envie de rire, et de pleurer aussi un peu. Je me suis dit : elle nous a fait le coup de l’incendie. Horizon rouge, gris, les flammes, et le vent qui emporte tout sur son passage. Je savais bien que tu ne pouvais pas partir sans nous faire un signe à 15 000 volts. J’ai pensé au prologue de ton roman : «Les grands feux sont une espèce en voie de disparition. Ils se propagent à la vitesse du vent et de la nuit. Leur souveraineté soumet l’espace. Pareils aux météorites et au désir, leur dangerosité, leur degré de combustion, leur trajectoire sont imprévisibles.
Dévastation. Régénération. Nous sommes de même nature ; des feux.»
Tu es notre maman aimée
J’ai prié pour toi toute la nuit
Je t’aime.
(1) L’Envers du feu, éditions Albin Michel, 2015.
Clara Dufourmantelle
Source : Libération
Par Clara Dufourmantelle — 30 juillet 2017 à 17:06
A sa mère Anne Dufourmantelle disparue le 21 juillet
Réseau de lumières éparses dans la nuit je vous cherche encore Réseau de lumières amies venez pressez-vous autour de nos visages L’ombre nous avale
Et le rire de maman contre mon épaule
Me montre le chemin. Eteignez les lumières de la ville Eteignez les bougies Les phares de vos voitures Je cherche le rayon vert qui part du cœur Comme un ange J’ai attendu toute la nuit Je voulais entendre ta voix encore une fois Et c’est ton rire qui a explosé dans mes pensées Comme un bateau En deuil Au milieu de l’espace
Maman,
Tu m’as appris à me réjouir de chaque imprévu
Tu m’as appris à dire oui
A plonger la tête dans l’invisible et tu m’as donné une soif de vivre, une soif de célébrer la vie, qui m’habite inépuisablement et qui est au cœur de mon désir de travailler avec la scène. De créer des communautés enthousiasmées et enthousiasmantes autour de la musique, de la parole. On a écumé ensemble les musées et les opéras, tu m’as donné l’amour de la renaissance italienne, l’amour des romans, de la philosophie, l’amour de l’amour. Un jour je t’ai dit que ce qui nous différenciait toi et moi, c’était le rapport qu’on avait à la vérité. Je pensais que tu n’y croyais pas et je trouvais ça facile. J’avais tort je crois. A ta façon, un slalom tout en douceur, tu restes libre. Tu passes dans nos vies avec ton amour et tu disparais maman. Une histoire de karma. Mon problème, tu disais, c’est que je veux toujours être une fée.
Tu as toujours fait ce que tu désirais maman. Je me souviens d’une discussion sur l’héroïsme qu’on avait eue ensemble. J’étais très excitée après avoir lu un passage des séminaires de Lacan. Je trouvais ça merveilleux de définir la figure du héros comme celui qui ne cède pas sur son désir. Je crois que tu es une belle héroïne maman.
Tu as publié ton premier roman (1), tu as aimé follement et toujours comme tu le voulais toi.
Tu as ta façon bien particulière d’être hors-la-loi maman. Tu fais toujours les choses un peu à côté, avec un sourire tendre, comme pour t’excuser d’être celle qui regarde dans le sens inverse. Comme si c’était involontaire, comme si tu n’y pouvais rien. Tu as cette façon de te tromper toujours de mois ou de jour quand tu achètes des billets d’avion, de taper le rythme des chansons avec la pédale de frein dans la voiture. Tu te débrouillais toujours pour couper toutes les files, mais avec une telle tendresse que personne ne disait jamais rien. Tu avais cette façon de défendre les positions anarchistes les plus belles, les plus courageuses, avec ce petit rire d’excitation que tu as quand tu t’enthousiasmes. Tu as une force et un courage et une puissance inouïs, maman. Tu montres souvent pattes blanches mais personne n’est dupe. Moi, je ne suis pas dupe. Ta puissance, je l’accueille dans mon cœur, et j’espère que de là-haut, tu seras fière des fêtes à venir.
J’ai envie de partir de l’autre côté du monde
Maud et Gabriel dans les poches
A la recherche de la tendresse évanouie
Je fais partie de celles qui ne tombent pas maman
Je continuerai à danser comme si la Terre allait arrêter de tourner
Comme tu me l’as appris
Fontaine végétale tes mains délicates portent l’anneau colombien
Depuis des années
J’ai peur des départs maman
J’ai peur de ton départ
J’ai constitué une armée d’enfants soldats qui dans cette maison ont fait venir les aurores boréales dont tu me parlais quand j’étais petite
Tu étais là, assise par terre, derrière la table de papy Alain
Et ce goût de liberté tendre et joyeuse
Arrimée à tous ceux qui t’entourent
Etait là, avec nous
On refait le monde maman. On refera le monde maman, comme tu m’as appris, toujours à la pointe de l’épée. Je regarde papa peindre depuis petite tu sais. Il fait toujours venir la lumière de l’obscurité. C’est grave et léger à la fois, la joie.
Ode à toi maman. Ode à la joie partagée. Ode à nos fous rires qui nous faisaient quitter les salles d’opéra. Je le convoque aujourd’hui autour de ton corps que j’aime et qui repose tendrement à côté de cette maison que tu aimes tant.
Le monde entre comillasnous arrive toujours avec un temps de latence, les monstres se cachent derrière le figuier du jardin
J’ai appris à leur parler dans la nuit
La peine comme un trou au milieu de la poitrine duquel Salen flores mama
Salen flores y ojos verdes abiertos en el río
Les magiciens aux voix blessées écrivent des comptes dans les placards
Un jour, je te les murmurerai à l’oreille
J’ajoute une chose,
Hier, le grand feu a embrasé l’horizon. J’écoutais les merveilleux amis s’inquiéter pour nous et préparer les bagages, au cas où. L’électricité était coupée à la maison. J’ai eu envie de rire, et de pleurer aussi un peu. Je me suis dit : elle nous a fait le coup de l’incendie. Horizon rouge, gris, les flammes, et le vent qui emporte tout sur son passage. Je savais bien que tu ne pouvais pas partir sans nous faire un signe à 15 000 volts. J’ai pensé au prologue de ton roman : «Les grands feux sont une espèce en voie de disparition. Ils se propagent à la vitesse du vent et de la nuit. Leur souveraineté soumet l’espace. Pareils aux météorites et au désir, leur dangerosité, leur degré de combustion, leur trajectoire sont imprévisibles.
Dévastation. Régénération. Nous sommes de même nature ; des feux.»
Tu es notre maman aimée
J’ai prié pour toi toute la nuit
Je t’aime.
(1) L’Envers du feu, éditions Albin Michel, 2015.
Clara Dufourmantelle
Source : Libération
mardi 5 décembre 2017
Pourquoi s'accrocher à un mode de vie dont on dit ne plus vouloir ?
"Dans cette vie dont on ne veut pas, il existe quelque chose à quoi on tient absolument ou sans laquelle on croit qu'on ne peut pas survivre, et donc qu'on n'est pas prêt de perdre. Sauter dans l'inconnu, ça voudrait dire lâcher cette chose qu'on croit détester, et qu'on garde en réalité précieusement. On croit que notre mode de vie constitue notre identité. Allez dire à quelqu'un qui est malheureux dans son travail, par exemple, qu'il y a dans cette situation quelque chose qu'il chérit. Quand je dis qu'il chérit, c'est de la provocation. Disons qu'il protège. Qu'il ne veut lâcher à aucun prix. Et qui l'empêche notamment d'aborder sa vie comme absolument nouvelle à l'instant où il le décide."
Anne Dufourmantelle, Se trouver. Entretien avec Laure Leter, Editions Jean-Claude Lattès, 2014, p.97
Anne Dufourmantelle, Se trouver. Entretien avec Laure Leter, Editions Jean-Claude Lattès, 2014, p.97
jeudi 16 novembre 2017
Touchant touché
Il portait un masque
Pour tous il était intouchable
A l'abri des regards
Je me suis approché
En même temps que je touchais
Je me suis senti touché!
Personne n'a rien vu!
Pour tous il était intouchable
A l'abri des regards
Je me suis approché
En même temps que je touchais
Je me suis senti touché!
Personne n'a rien vu!
jeudi 9 novembre 2017
Gaston Bachelard, La poétique de l'espace, PUF, 2009.
Extrait:
"Dès qu'on apporte une lueur de conscience au geste machinal, dès qu'on fait de la phénoménologie en frottant un vieux meuble, on sent naître, au-dessous de la douce habitude domestique, des impressions nouvelles. La conscience rajeunit tout. Elle donne aux actes les plus familiers une valeur de commencement."
"Dès qu'on apporte une lueur de conscience au geste machinal, dès qu'on fait de la phénoménologie en frottant un vieux meuble, on sent naître, au-dessous de la douce habitude domestique, des impressions nouvelles. La conscience rajeunit tout. Elle donne aux actes les plus familiers une valeur de commencement."
dimanche 15 octobre 2017
Les formes modernes de l'absence de pensée
"…le sentiment d'absurdité de la vie n'est pas le symptôme d'une pathologie mais une disposition à la vérité, non altérée par l'illusion que les notions même de "sens", de "finalité" peuvent provoquer. Elle est la matière même de l'humour, et du processus d'individuation qui en découle. S'individuer, c'est prendre conscience de la faiblesse inhérente à l'individu et du seul destin ici proposé sur la terre. L'absurdité est le chemin offert à l'homme, comme matière à sublimation."
Cynthia Fleury, Les Irremplaçables, Gallimard, 2015, p.52
Prix Paul Ricœur et Rencontre-débat à Metz - 25 novembre 2017
Chers amis,
Pour célébrer le cinquantième anniversaire du Traité de Rome, nous vous convions, le 25 novembre 2017, à notre rencontre-débat de l'automne sur le thème : « le regard de Paul Ricœur sur l’Europe».
Il nous a semblé symbolique de tenir cet événement, non à Paris, mais dans la ville où l'idée de ce traité a vu le jour, la ville de Robert Schuman: Metz. La renaissance des marchés de Noël et le nouveau Centre Pompidou s'ajoutent aux attraits touristiques de Metz et à l'intérêt de notre événement.
Nos intervenants seront :
- François Scheer, Ambassadeur de France,
- Monique Castillo (Université de Créteil-Val de Marne)
- Azadeh Thiriez-Arjangi (Fonds Ricœur)
- Jean-Marc Ferry (Université de Nantes)
- Gilbert Vincent (Université de Strasbourg)
A cette occasion, nous remettrons le prix Paul Ricœur 2017 à Hans Joas, professeur à Berlin et à Chicago, pour son livre « comment la personne est devenue sacrée «
Notre rencontre et la remise du prix auront lieu à partir de 14h15, en l'église Saint- Maximin, grâce à Robert Scholtus, son curé ; cette église est en plein cœur de la ville, et vous pourrez y admirer les seuls vitraux de Jean Cocteau et acheter les livres des intervenants. La gare impériale est à moins d'un km. Le dernier train pour Paris est à 18h 56.
Vous pouvez, bien sûr, organiser librement votre séjour à Metz. L'association vous propose cependant un programme pour la matinée :
- accueil à la gare à 10h10 (départ de la Gare de l'Est à Paris à 8h40)
- visite du Centre Pompidou (exposition sur le Japon, le prix d'entrée sera fonction du nombre d'inscrits)
- visite de la cathédrale (la plus grande surface de vitraux au monde)
- buffet lorrain à la bonne franquette (contribution de 25 euros).
Pour pouvoir organiser cela au mieux, nous vous demandons de vous inscrire dès que possible, par retour, à tout ou partie de ce programme.
Pour toute question, contactez Roland Reitter ( reitter@hec.fr
Bien cordialement,
Didier Sicard
Le regard de Paul Ricœur sur l’Europe
Depuis la création de l’Union Européenne, la dimension économique et financière exerce une domination excessive au détriment d’une culture européenne commune.
Ricœur, aussi germanophile qu’américanophile a tenté à plusieurs reprises de proposer à l’Europe une ambition plus culturelle, plus politique au sens premier du terme. Ne pas s’enfermer dans une identité nationale toujours meurtrière pour chacun des pays, mais, au contraire, aller à la rencontre des autres traditions, partager les langues (chaque pays devrait, au moins, en avoir deux à sa disposition), partager les mémoires pour créer une mémoire commune plutôt que se complaire dans les affrontements mémoriels du passé. En un mot, susciter cette évidence d’une Europe du futur, modèle d’humanité et d’intelligence.
Ce colloque n’est pas seulement destiné à faire vivre la parole de Paul Ricœur, mais à réfléchir ensemble dans cette ville européenne qu’est Metz pour construire un futur débarrassé des scories du passé.
Didier Sicard
Président de l’Association Paul Ricœur
Hans Joas et son livre
Il s'agit donc du livre de Hans Joas, Comment la personne est devenue sacrée, Labor et Fides, 2016.
Hans Joas est un sociologue allemand de renommée internationale. Il est professeur de sociologie de la religion à l'université Humbolt de Berlin et professeur de sociologie et pensée sociale à l'université de Chicago. Auteur de nombreux livres en Allemagne, son ouvrage La créativité de l'agir paru en Allemagne en 1992 a été traduit en français en 2008.
Dans cet ouvrage, Hans Joas propose au lecteur une généalogie particulièrement riche et nouvelle de l'émergence du thème des droits de l'homme. Il dépasse la traditionnelle alternative entre les tenants d'une explication par les Lumières et ceux qui s'appuient sur la seule tradition judéo-chrétienne. Dans une perspective résolument durkheimienne, il se propose de comprendre la progressive "sacralisation" des droits de l'homme à partir des modalités d'appropriation subjectives de la singularité de la personne humaine. L'originalité de son approche est de lier les apports de la sociologie, de l'histoire et de l'anthropologie pour souligner à la fois la contingence, l'ancrage historique de l'émergence des droits de l'homme et leur ambition d'universalité.
François Dosse,
Président du Jury
Réactions
6 Katia Diot, Yo Dufayetdelatour et 4 autres personnes
Commentaires
Yo Dufayetdelatour Quel bonheur et quelle richesse!
11 octobre, 00:34
vendredi 22 septembre 2017
Quand les mots résistent
Soudain, un profond silence!
Non pas au-dehors
Non pas en moi…
Comment dire ?
Les mots me fuient…
Pourtant je ne manque pas d'idées
Mais que valent les idées
Quand les mots résistent ?
Non pas au-dehors
Non pas en moi…
Comment dire ?
Les mots me fuient…
Pourtant je ne manque pas d'idées
Mais que valent les idées
Quand les mots résistent ?
mardi 12 septembre 2017
Duras. Ecrire
"C'est curieux un écrivain. C'est une contradiction et aussi un non-sens. Ecrire c'est aussi ne pas parler. C'est se taire. C'est hurler sans bruit (…)
Un livre c'est l'inconnu, c'est la nuit (…)
Je ne sais pas pourquoi, ces mots que je viens de dire me font pleurer.
Ecrire quand même malgré le désespoir. Non: avec le désespoir. Quel désespoir, je ne sais pas le nom de celui-là."
Tout le livre tourne autour de ce thème cher à Marguerite Duras, Ecrire! C'est aussi le titre. Plus qu'une passion, écrire c'est sa vie même, cette conviction s'est imposée très tôt à elle, vocation confirmée, si l'on peut dire, par Raymond Queneau avec cette phrase: "Ne faites rien d'autre dans la vie que ça, écrire." L'écriture ne l'a jamais quittée.
C'est donc avec Ecrire que le Cercle de lecture ouvre sa première rencontre pour la saison 2017-2018, ce vendredi 15 septembre à 20h, chez moi, à Clichy.
Echanges et discussion, comme d'habitude, dès l'apéro jusqu'au repas; chacun apporte un peu de quoi nourrir ce petit monde! En principe on n'y meurt pas de faim ni de soif…!
Un livre c'est l'inconnu, c'est la nuit (…)
Je ne sais pas pourquoi, ces mots que je viens de dire me font pleurer.
Ecrire quand même malgré le désespoir. Non: avec le désespoir. Quel désespoir, je ne sais pas le nom de celui-là."
Tout le livre tourne autour de ce thème cher à Marguerite Duras, Ecrire! C'est aussi le titre. Plus qu'une passion, écrire c'est sa vie même, cette conviction s'est imposée très tôt à elle, vocation confirmée, si l'on peut dire, par Raymond Queneau avec cette phrase: "Ne faites rien d'autre dans la vie que ça, écrire." L'écriture ne l'a jamais quittée.
C'est donc avec Ecrire que le Cercle de lecture ouvre sa première rencontre pour la saison 2017-2018, ce vendredi 15 septembre à 20h, chez moi, à Clichy.
Echanges et discussion, comme d'habitude, dès l'apéro jusqu'au repas; chacun apporte un peu de quoi nourrir ce petit monde! En principe on n'y meurt pas de faim ni de soif…!
Sarah Kane
"Le temps passe et je n'ai pas le temps", dit un des personnages de Sarah Kane, dans la pièce "Manque"!
A priori, rien de plus banal, et pourtant…de la naissance à la mort il y a ce manque structurel, non pas de temps mais d'être, cette course perdue à l'avance et qui pousse en même temps, sans garantie aucune, à espérer la gagner… Et si "être" et "manque", c'était la même chose ?
A priori, rien de plus banal, et pourtant…de la naissance à la mort il y a ce manque structurel, non pas de temps mais d'être, cette course perdue à l'avance et qui pousse en même temps, sans garantie aucune, à espérer la gagner… Et si "être" et "manque", c'était la même chose ?
En cas d'amour
Plus je la lis, plus je suis conquis!
"Socrate va trouver la Pythie, il fait ce long chemin tout à fait physique, difficile, fatigant, pour s'entendre dire : "Connais-toi toi-même." Et s'il fallait aller très loin pour pouvoir se risquer au plus près de soi ? Nous sommes des êtres fragmentés, un feuilletage qu'une unité fragile et toujours renouvelée voudrait résumer en disant "je". Mais ce je, comment saura-t-il qui le compose, ce qu'il aime, ce qu'il désire, s'il ne se risque pas hors de lui-même pour, enfin, après revenir à soi ? Le dépaysement est l'image de ce trajet peut-être essentiel qui voudrait qu'on se perde pour se trouver (…) Quand on part, on ne revient pas le même, et c'est ce dépaysement, parce qu'il fait écho à nos fragmentations intérieures, qui brutalise nos accoutumances, tant il est vrai que nous percevons le monde avec des préenregistrements continuellement tamisés par ce que nous pensons déjà, savons déjà, anticipons, devinons, pressentons, pour ne pas être attrapés trop brusquement par l'inouï. Ainsi va l'amour quand il est de foudre. Il offre tous les dépaysements possibles…"
Anne Dufourmantelle, En cas d'amour. Psychopathologie de la vie amoureuse, Rivages Poche, p.156.
"Socrate va trouver la Pythie, il fait ce long chemin tout à fait physique, difficile, fatigant, pour s'entendre dire : "Connais-toi toi-même." Et s'il fallait aller très loin pour pouvoir se risquer au plus près de soi ? Nous sommes des êtres fragmentés, un feuilletage qu'une unité fragile et toujours renouvelée voudrait résumer en disant "je". Mais ce je, comment saura-t-il qui le compose, ce qu'il aime, ce qu'il désire, s'il ne se risque pas hors de lui-même pour, enfin, après revenir à soi ? Le dépaysement est l'image de ce trajet peut-être essentiel qui voudrait qu'on se perde pour se trouver (…) Quand on part, on ne revient pas le même, et c'est ce dépaysement, parce qu'il fait écho à nos fragmentations intérieures, qui brutalise nos accoutumances, tant il est vrai que nous percevons le monde avec des préenregistrements continuellement tamisés par ce que nous pensons déjà, savons déjà, anticipons, devinons, pressentons, pour ne pas être attrapés trop brusquement par l'inouï. Ainsi va l'amour quand il est de foudre. Il offre tous les dépaysements possibles…"
Anne Dufourmantelle, En cas d'amour. Psychopathologie de la vie amoureuse, Rivages Poche, p.156.
Carlo M. Cipolla
Un petit livre (63 pages!)qui fait du bien:
"L'humanité est dans le pétrin. Ce n'est pas une nouveauté, cela dit. Aussi loin que l'on puisse remonter, l'humanité a toujours été dans le pétrin. Le fardeau des soucis et des misères que doivent porter les êtres humains, comme individus ou comme membres de sociétés organisées, est à la base la conséquence de la manière hautement improbable, j'oserais même dire stupide, dont la vie fut vécue dès l'apparition de l'humanité.
Depuis Darwin, nous savons que nous avons des origines en commun avec "les membres inférieurs" du royaume animale; les vers de terre comme les éléphants ont à supporter leur lot quotidien d'épreuves, d'ennuis et de tracas. Les hommes ont pourtant le privilège d'en supporter une dose supplémentaire (la stupidité), dont la source est un groupe d'individus appartenant à ladite race humaine. Ce groupe est beaucoup plus puissant que la Mafia, le complexe militaro-industriel (…); c'est un groupe dénué de statut, sans structure ni constitution, sans chef ni président, qui réussit pourtant à fonctionner parfaitement à l'unisson, de telle sorte que l'activité de chaque membre contribue à amplifier et à rendre plus forte et plus efficace celle de tous les autres. Les pages qui suivent sont consacrées à la nature, au caractère et au comportement des membres de ce groupe (…) Ces pages sont en fait le résultat d'un effort constructif visant à détecter, à connaître et peut-être à neutraliser l'une des plus puissantes forces obscures qui entravent le bien-être et le bonheur de l'humanité."
Carlo M. Cipolla (1922-2000), Les lois fondamentales de la stupidité humaine, PUF, 2012, p.13
"L'humanité est dans le pétrin. Ce n'est pas une nouveauté, cela dit. Aussi loin que l'on puisse remonter, l'humanité a toujours été dans le pétrin. Le fardeau des soucis et des misères que doivent porter les êtres humains, comme individus ou comme membres de sociétés organisées, est à la base la conséquence de la manière hautement improbable, j'oserais même dire stupide, dont la vie fut vécue dès l'apparition de l'humanité.
Depuis Darwin, nous savons que nous avons des origines en commun avec "les membres inférieurs" du royaume animale; les vers de terre comme les éléphants ont à supporter leur lot quotidien d'épreuves, d'ennuis et de tracas. Les hommes ont pourtant le privilège d'en supporter une dose supplémentaire (la stupidité), dont la source est un groupe d'individus appartenant à ladite race humaine. Ce groupe est beaucoup plus puissant que la Mafia, le complexe militaro-industriel (…); c'est un groupe dénué de statut, sans structure ni constitution, sans chef ni président, qui réussit pourtant à fonctionner parfaitement à l'unisson, de telle sorte que l'activité de chaque membre contribue à amplifier et à rendre plus forte et plus efficace celle de tous les autres. Les pages qui suivent sont consacrées à la nature, au caractère et au comportement des membres de ce groupe (…) Ces pages sont en fait le résultat d'un effort constructif visant à détecter, à connaître et peut-être à neutraliser l'une des plus puissantes forces obscures qui entravent le bien-être et le bonheur de l'humanité."
Carlo M. Cipolla (1922-2000), Les lois fondamentales de la stupidité humaine, PUF, 2012, p.13
Lire Anne Dufourmantelle
Une forme d'éclectisme que nous sommes nombreux, paraît-il, à pratiquer: lire plusieurs livres en même temps! Cela réserve parfois de belles surprises, surtout quand il s'agit du même auteur. Ainsi ces deux citations:
"L'homme qui prend place devant elle est comme mort. Le regard n'accroche rien, la peau est blême, les mains seules paraissent conserver un semblant de vie indépendante, elles vont et viennent dans l'air, se nouent et se dénouent, font un ballet de pleureuses tandis que le reste du corps est de pierre. On devrait davantage observer les minéraux, les cailloux, la lave pétrifiée, les fossiles, la roche — ils nous disent ce que nous sommes. C'est dans cette minéralité qu'on se retranche lorsque l'amour vous est retiré.
— Je n'ai plus de raison de vivre, dit-il, depuis qu'elle est partie." (1)
"La douceur est une énigme. Incluse dans un double mouvement d'accueil et de don, elle apparaît à la lisière des passages que naissance et mort signent. Parce qu'elle a ses degrés d'intensité, qu'elle est une force symbolique et qu'elle a pouvoir de transformation sur les choses et les êtres, elle est une puissance.
Une personne, une pierre, une pensée, un geste, une couleur…peuvent faire preuve de douceur (…) En écoutant ceux qui viennent me confier leur détresse, je l'ai entendue traverser chaque expérience vécue. En méditant son rapport au monde, il apparaît que son intelligence porte la vie, la sauve et l'accroît." (2)
Deux livres, deux sujets différents, d'un même auteur, et pourtant, en plus de la justesse de l'analyse, il y a ce clin d'œil, si j'ose dire, d'un texte à l'autre, je veux parler du rapprochement que fait délicatement l'auteur, des "choses et des êtres", de "la personne" et de "la pierre"; d'une part "quand l'amour (nous) est retiré, nous apparaissons comme une matière morte,, tout semble éteint en nous, et d'autre part quel que soit le vécu ou la souffrance, il y a en chaque être humain une part de douceur, tout comme chaque chose, même une pierre peut "faire preuve de douceur"!
1) Anne Dufourmantelle, En cas d'amour. Psychopathologie de la vie amoureuse, Payot-Rivages, 2012, p.51
2) Anne Dufourmantelle, Puissance de la douceur, Payot Rivages, 2013, p.11
"L'homme qui prend place devant elle est comme mort. Le regard n'accroche rien, la peau est blême, les mains seules paraissent conserver un semblant de vie indépendante, elles vont et viennent dans l'air, se nouent et se dénouent, font un ballet de pleureuses tandis que le reste du corps est de pierre. On devrait davantage observer les minéraux, les cailloux, la lave pétrifiée, les fossiles, la roche — ils nous disent ce que nous sommes. C'est dans cette minéralité qu'on se retranche lorsque l'amour vous est retiré.
— Je n'ai plus de raison de vivre, dit-il, depuis qu'elle est partie." (1)
"La douceur est une énigme. Incluse dans un double mouvement d'accueil et de don, elle apparaît à la lisière des passages que naissance et mort signent. Parce qu'elle a ses degrés d'intensité, qu'elle est une force symbolique et qu'elle a pouvoir de transformation sur les choses et les êtres, elle est une puissance.
Une personne, une pierre, une pensée, un geste, une couleur…peuvent faire preuve de douceur (…) En écoutant ceux qui viennent me confier leur détresse, je l'ai entendue traverser chaque expérience vécue. En méditant son rapport au monde, il apparaît que son intelligence porte la vie, la sauve et l'accroît." (2)
Deux livres, deux sujets différents, d'un même auteur, et pourtant, en plus de la justesse de l'analyse, il y a ce clin d'œil, si j'ose dire, d'un texte à l'autre, je veux parler du rapprochement que fait délicatement l'auteur, des "choses et des êtres", de "la personne" et de "la pierre"; d'une part "quand l'amour (nous) est retiré, nous apparaissons comme une matière morte,, tout semble éteint en nous, et d'autre part quel que soit le vécu ou la souffrance, il y a en chaque être humain une part de douceur, tout comme chaque chose, même une pierre peut "faire preuve de douceur"!
1) Anne Dufourmantelle, En cas d'amour. Psychopathologie de la vie amoureuse, Payot-Rivages, 2012, p.51
2) Anne Dufourmantelle, Puissance de la douceur, Payot Rivages, 2013, p.11
dimanche 30 juillet 2017
Inspiré de "Tombe de sommeil" de J.-L.Nancy
Dialogue en sommeil …
Lui: Sais-tu quel auteur je lis depuis hier ?
Elle: Misrahi "La jouissance d'être" ?
Lui: Non, cherche encore…
Elle: Catherine Bergeret-Amselek "La Cause des aînés" ?
Lui: Non plus…
Elle: Gabrielle Rubin "Du bon usage de la haine et du pardon" ?
Lui: Non, non , tu n'y es toujours pas…
Elle: Heidegger "La dévastation et l'attente" ?
Lui: non, pas tu tout. Tu donnes ta langue au chat ? Bon. Pourtant tu l'aimes bien cet auteur…
Elle: …!?
Lui: Jean-Luc Nancy…!
Elle: Ah! j'ai trouvé, tu lis "La déconstruction du christianisme"…
Lui: Le vrai titre du livre dont tu fais allusion c'est "La déclosion"(La déconstruction du christianisme). Moi je te parle de "Tombe de sommeil". Ne cherche pas, je sais que tu n'as pas lu celui-ci, bien qu'il soit sorti depuis 2007!
Elle: Exact, et que dit-il, pourquoi m'en parles-tu ?
Lui: Ecoute, je cite, p.35: "Tout s'égale à soi-même et au reste du monde. Tout se remet à l'équivalence générale dans laquelle un dormeur vaut n'importe quel autre dormeur et tout sommeil vaut tous les autres, quoi qu'il paraisse. Car "bien" ou "mal" dormir ne revient qu'à dormir plus ou moins, de façon plus ou moins continue, plus ou moins perturbée. Les interruptions et les perturbations, y compris celles qui surgissent parfois du sein du sommeil lui-même, comme ces cauchemars qui nous réveillent dans l'angoisse et la sueur, les accidents du sommeil ne lui appartiennent pas."
Elle: C'est incroyable…que tu me lises justement ce passage maintenant!
Lui: Que veux-tu dire?
Elle: C'est à propos d'interruption et de perturbation du sommeil, j'ai vécu cette nuit quelque chose de semblable…
Lui: Ah bon ?
Elle: Oui, mais tu me promets que cela reste entre nous, c'est très personnel…
Lui: Je te promets… sur la tête de ma belle-mère…
Elle: Alors je ne te dirai rien…puisque ça ne t'intéresse pas plus que ça.
Lui: Bon, blague à part, ça reste entre nous, je t'écoute.
Elle: Donc, cette nuit, vers 4h30, je me réveille en sursaut couvert de sueur, pourtant — j'en suis absolument certain — je n'ai pas fait de cauchemars.
Lui: C'est bizarre ton truc, tu te réveilles brusquement en pleine nuit sans raison apparente!
Elle: Je te dis que oui. Mais pour moi le problème n'est pas là…
Lui: Ah! Il est où alors ?
Elle: Je continue…Impossible de me rendormir. J'essaie tout ce que je peux, respiration profonde, exercices de relaxation, rien n’y fait. Je décide de sortir du lit et d'aller au salon avec mon oreiller, je m'allonge sur le canapé…Mais le sommeil n’est toujours pas au rendez-vous!
Lui:Tu m'étonnes!
Elle: C’est alors que, instantanément, je me mets à réfléchir à haute voix (c’est quelque chose ça, réfléchir à voix haute, tu connais peut-être ? sinon essaie tu verras…, ça épure l'esprit, à condition d'être sincère avec soi-même)
Lui: Ah! Et que criais-tu ?
Elle: Tu ne m'écoutes pas, je n'ai pas dit que je criais, mais réfléchissais à haute voix, ce n'est pas pareil. Bref, je m'entends me dire "—Je ne suis pas en paix avec moi-même, pourquoi me le cacher? Pourquoi faire semblant ? Je ne suis pas celle que je donne à voir…, je cours après moi-même, ou après je ne sais quoi d’inaccessible: le bonheur? la paix ? la reconnaissance? le savoir ? les éloges…? Mais, je le sais bien, même en obtenant ce que je recherche, je reste insatisfait, insatiable…"
Lui: Continue…
Elle: …c’est donc que ce que je cherche, fondamentalement, ne se trouve pas au-dehors, dans l’environnement, dans les choses ou les êtres, mais en moi-même, indéniablement!
Lui: Très intéressant, continue.
Elle: J’ai alors cette conviction forte, que le retour à la source ne peut s’effectuer par le seul mental ou par la réflexion. La réflexion aide à la prise de conscience. Le retour effectif à soi est un acte presque physique, de concentration, d’attention…à ce qui se donne dans l'instant, qui fait signe hors champs mental, en dehors de toute saisie… Je ne sais pas l’exprimer autrement.
Lui: Tu m'impressionnes, tu sais? continue…
Elle: Au terme de cet examen de conscience (je l’appelle ainsi faute de mieux) difficile mais lucide, qui a dû durer une bonne trentaine de minutes sinon plus, je remonte tranquillement dans la chambre et je me rendors aussitôt.
Lui: Eh ben! quelle drôle d'histoire! Quelle expérience, surtout!… Tu sais quoi?
Elle: Dis toujours…
Lui:Ton histoire me fait me poser cette question: dans le sommeil, quel soi s'y donne à découvrir ? Est-ce le même qui échappe à toute saisie ? Qui suis-je une fois endormi ?
Elle: Excellente question, on en reparle si tu veux quand tu auras fini de lire Jean-Luc Nancy! Qui sait, peut-être y répond-il ?
Commentaires:
Anneliese Oback
Anneliese Oback Je n'ai jamais vécu chose pareille, mais j'ai lu ces mots, si bien formulés, avec grand intérêt.
Charlotte de Stordeur Ah oui c est puissant ! Merci AlKaly😉
Lui: Sais-tu quel auteur je lis depuis hier ?
Elle: Misrahi "La jouissance d'être" ?
Lui: Non, cherche encore…
Elle: Catherine Bergeret-Amselek "La Cause des aînés" ?
Lui: Non plus…
Elle: Gabrielle Rubin "Du bon usage de la haine et du pardon" ?
Lui: Non, non , tu n'y es toujours pas…
Elle: Heidegger "La dévastation et l'attente" ?
Lui: non, pas tu tout. Tu donnes ta langue au chat ? Bon. Pourtant tu l'aimes bien cet auteur…
Elle: …!?
Lui: Jean-Luc Nancy…!
Elle: Ah! j'ai trouvé, tu lis "La déconstruction du christianisme"…
Lui: Le vrai titre du livre dont tu fais allusion c'est "La déclosion"(La déconstruction du christianisme). Moi je te parle de "Tombe de sommeil". Ne cherche pas, je sais que tu n'as pas lu celui-ci, bien qu'il soit sorti depuis 2007!
Elle: Exact, et que dit-il, pourquoi m'en parles-tu ?
Lui: Ecoute, je cite, p.35: "Tout s'égale à soi-même et au reste du monde. Tout se remet à l'équivalence générale dans laquelle un dormeur vaut n'importe quel autre dormeur et tout sommeil vaut tous les autres, quoi qu'il paraisse. Car "bien" ou "mal" dormir ne revient qu'à dormir plus ou moins, de façon plus ou moins continue, plus ou moins perturbée. Les interruptions et les perturbations, y compris celles qui surgissent parfois du sein du sommeil lui-même, comme ces cauchemars qui nous réveillent dans l'angoisse et la sueur, les accidents du sommeil ne lui appartiennent pas."
Elle: C'est incroyable…que tu me lises justement ce passage maintenant!
Lui: Que veux-tu dire?
Elle: C'est à propos d'interruption et de perturbation du sommeil, j'ai vécu cette nuit quelque chose de semblable…
Lui: Ah bon ?
Elle: Oui, mais tu me promets que cela reste entre nous, c'est très personnel…
Lui: Je te promets… sur la tête de ma belle-mère…
Elle: Alors je ne te dirai rien…puisque ça ne t'intéresse pas plus que ça.
Lui: Bon, blague à part, ça reste entre nous, je t'écoute.
Elle: Donc, cette nuit, vers 4h30, je me réveille en sursaut couvert de sueur, pourtant — j'en suis absolument certain — je n'ai pas fait de cauchemars.
Lui: C'est bizarre ton truc, tu te réveilles brusquement en pleine nuit sans raison apparente!
Elle: Je te dis que oui. Mais pour moi le problème n'est pas là…
Lui: Ah! Il est où alors ?
Elle: Je continue…Impossible de me rendormir. J'essaie tout ce que je peux, respiration profonde, exercices de relaxation, rien n’y fait. Je décide de sortir du lit et d'aller au salon avec mon oreiller, je m'allonge sur le canapé…Mais le sommeil n’est toujours pas au rendez-vous!
Lui:Tu m'étonnes!
Elle: C’est alors que, instantanément, je me mets à réfléchir à haute voix (c’est quelque chose ça, réfléchir à voix haute, tu connais peut-être ? sinon essaie tu verras…, ça épure l'esprit, à condition d'être sincère avec soi-même)
Lui: Ah! Et que criais-tu ?
Elle: Tu ne m'écoutes pas, je n'ai pas dit que je criais, mais réfléchissais à haute voix, ce n'est pas pareil. Bref, je m'entends me dire "—Je ne suis pas en paix avec moi-même, pourquoi me le cacher? Pourquoi faire semblant ? Je ne suis pas celle que je donne à voir…, je cours après moi-même, ou après je ne sais quoi d’inaccessible: le bonheur? la paix ? la reconnaissance? le savoir ? les éloges…? Mais, je le sais bien, même en obtenant ce que je recherche, je reste insatisfait, insatiable…"
Lui: Continue…
Elle: …c’est donc que ce que je cherche, fondamentalement, ne se trouve pas au-dehors, dans l’environnement, dans les choses ou les êtres, mais en moi-même, indéniablement!
Lui: Très intéressant, continue.
Elle: J’ai alors cette conviction forte, que le retour à la source ne peut s’effectuer par le seul mental ou par la réflexion. La réflexion aide à la prise de conscience. Le retour effectif à soi est un acte presque physique, de concentration, d’attention…à ce qui se donne dans l'instant, qui fait signe hors champs mental, en dehors de toute saisie… Je ne sais pas l’exprimer autrement.
Lui: Tu m'impressionnes, tu sais? continue…
Elle: Au terme de cet examen de conscience (je l’appelle ainsi faute de mieux) difficile mais lucide, qui a dû durer une bonne trentaine de minutes sinon plus, je remonte tranquillement dans la chambre et je me rendors aussitôt.
Lui: Eh ben! quelle drôle d'histoire! Quelle expérience, surtout!… Tu sais quoi?
Elle: Dis toujours…
Lui:Ton histoire me fait me poser cette question: dans le sommeil, quel soi s'y donne à découvrir ? Est-ce le même qui échappe à toute saisie ? Qui suis-je une fois endormi ?
Elle: Excellente question, on en reparle si tu veux quand tu auras fini de lire Jean-Luc Nancy! Qui sait, peut-être y répond-il ?
Commentaires:
Anneliese Oback
Anneliese Oback Je n'ai jamais vécu chose pareille, mais j'ai lu ces mots, si bien formulés, avec grand intérêt.
Charlotte de Stordeur Ah oui c est puissant ! Merci AlKaly😉
samedi 22 juillet 2017
POURQUOI LA RENCONTRE DE LA PSYCHOLOGIE ET DE LA MÉDITATION EST-ELLE EST ESSENTIELLE ?
"A l’heure où la méditation n’est plus réservée à une élite engagée sur une voie spirituelle orientale mais s’inscrit dans le champ de la santé mentale, la nouvelle génération de psychologues se trouve à la croisée des mondes. La méditation continue d’échapper aux cases où l’air du temps voudraient l’enfermer et trouve place au cœur de notre société moderne. La psychologie se dégage des carcans identitaires, elle s’ouvre à de nouveaux horizons de sens et de soins. C’est pourquoi il est nécessaire aujourd’hui d’engager une "pensée méditante" sur la rencontre entre la thérapie occidentale et le chemin de l’attention développé de manière laïque par le bouddhisme. L’attention ouverte favorise une écoute authentique, ancrée dans la présence corporelle, gage d’une parole libre qui tend à ne plus méconnaître la vérité de la souffrance, la singularité de l’expérience et le désir de vivre. La méditation alliée à la psychologie ouvrirait-elle un nouvel espace thérapeutique, une nouvelle entente de l’être humain plus profonde, hors de tout dogmatisme théorique, de présupposés philosophiques ou d’inscription religieuse ? Ce blog en est la recherche vivante."
Nicolas D'Inca
http://psychologie-meditation.blogspot.fr
lundi 5 juin 2017
Duras!
A la FNAC cet après-midi, à la recherche de "La pluie d'été" de Marguerite Duras. Christiane Veschambre nous en avait lu un extrait mardi dernier en ouverture à l'Atelier d'écriture qu'elle accueille chez elle, chaque mois, depuis plusieurs années. Comme à mon habitude, mais toujours à mon corps défendant devant tous ces titres, je n'ai pu résister : je suis reparti, avec deux livres de Duras, celui que je suis venu chercher et "Ecrire", tous deux en Livre de poche; et aussi deux écrits de Valère Novarina "Voie Négative" (ou V.N) et "L'Inquiétude", publiés chez P.O.L.
Le court extrait de Duras que je propose introduit Ecrire:
"C'est dans une maison qu'on est seul. Et pas au-dehors d'elle mais au-dedans d'elle. Dans le parc il y a des oiseaux, des chats. Mais aussi une fois, un écureuil, un furet. On n'est pas seul dans un parc. Mais dans la maison, on est si seul qu'on en est égaré quelquefois."
Marguerite Duras, Folio-Gallimard, 1993, p.13
Le court extrait de Duras que je propose introduit Ecrire:
"C'est dans une maison qu'on est seul. Et pas au-dehors d'elle mais au-dedans d'elle. Dans le parc il y a des oiseaux, des chats. Mais aussi une fois, un écureuil, un furet. On n'est pas seul dans un parc. Mais dans la maison, on est si seul qu'on en est égaré quelquefois."
Marguerite Duras, Folio-Gallimard, 1993, p.13
dimanche 7 mai 2017
Citation du jour
"On dit qu'il faut un an pour se remettre d'un chagrin d'amour. On dit aussi des tas d'autres choses dont la banalité finit par émousser la vérité.
C'est comme une maladie, c'est physiologique, il faut que l'organisme se reconstitue.
Un jour, tu ne te souviendras que de bons moments (la chose la plus absurde qu'elle ait entendue).
Tu en ressortiras plus forte.
Tu dis que tu n'aimeras plus jamais mais tu verras.
La vie reprend toujours ses droits.
Etc.
Ces phrases lui arrivent, la recouvrent, la bercent. Pour être tout à fait honnête, elle a besoin de ce babil de convalescence. Toutes ces langues qui font bruire autour d'elle l'empathie, l'universalisme et le pragmatisme lui sont un lit de feuilles où déposer son misérable corps. Et cependant, elle aspire parfois au silence complet, à un cercle de proches au centre duquel elle viendrait s'asseoir, pour qu'on la regarde et qu'on l'écoute sans un mot."
Nathalie Azoulai, Titus n'aimait pas Bérénice, Roman, P.O.L, 2015, p.11-12
C'est comme une maladie, c'est physiologique, il faut que l'organisme se reconstitue.
Un jour, tu ne te souviendras que de bons moments (la chose la plus absurde qu'elle ait entendue).
Tu en ressortiras plus forte.
Tu dis que tu n'aimeras plus jamais mais tu verras.
La vie reprend toujours ses droits.
Etc.
Ces phrases lui arrivent, la recouvrent, la bercent. Pour être tout à fait honnête, elle a besoin de ce babil de convalescence. Toutes ces langues qui font bruire autour d'elle l'empathie, l'universalisme et le pragmatisme lui sont un lit de feuilles où déposer son misérable corps. Et cependant, elle aspire parfois au silence complet, à un cercle de proches au centre duquel elle viendrait s'asseoir, pour qu'on la regarde et qu'on l'écoute sans un mot."
Nathalie Azoulai, Titus n'aimait pas Bérénice, Roman, P.O.L, 2015, p.11-12
lundi 17 avril 2017
Aller vers soi-même
—Tu n'arrêtes pas de me dire -"sois rationnelle" ou "tu n'es pas assez efficace, ce n'est pas comme ça que tu réussiras…, il faut apprendre à te battre si tu veux aspirer à être parmi les meilleurs…"- Mais, tu ne me comprends pas, tu ne sais pas ce que j'ai…
—Qu'est-ce que tu as ?
—Ma souffrance!
—Ta souffrance ? Tu en parles comme d'un avoir…
—Exactement, ma souffrance c'est moi-même…, j'en ai marre de ta soi-disant sagesse rationnelle, tu ne vois pas que je suis fatiguée de tout ça de toutes ces jouissances médiocres, révoltée contre tes propositions de recherche exclusive de réussite et d'efficacité ?
—Qu'est-ce tu racontes, je ne te suis plus…
—tu ne comprends donc pas que j'aspire à quelque chose de tout autre ?
—Attends, tu vas trop loin là…
—C'est vrai, ça n'est pas compréhensible…, moi-même je le réalise à l'instant, comme quelque chose d'insolite qui pourtant depuis longtemps, en moi, cherche à être audible : ma souffrance est aussi le lieu de ma délivrance…, ce n'est pas un ennemi au contraire, elle révèle mon inaptitude à m'écouter, à écouter et surtout à accueillir qui je suis, à entrer en contact avec mon être profond!
Il l'a regarde les yeux écarquillés, pour la première fois il se tait… Où est-il à ce moment ? Peut-être est-il…
Chacun peut imaginer la suite!
—Qu'est-ce que tu as ?
—Ma souffrance!
—Ta souffrance ? Tu en parles comme d'un avoir…
—Exactement, ma souffrance c'est moi-même…, j'en ai marre de ta soi-disant sagesse rationnelle, tu ne vois pas que je suis fatiguée de tout ça de toutes ces jouissances médiocres, révoltée contre tes propositions de recherche exclusive de réussite et d'efficacité ?
—Qu'est-ce tu racontes, je ne te suis plus…
—tu ne comprends donc pas que j'aspire à quelque chose de tout autre ?
—Attends, tu vas trop loin là…
—C'est vrai, ça n'est pas compréhensible…, moi-même je le réalise à l'instant, comme quelque chose d'insolite qui pourtant depuis longtemps, en moi, cherche à être audible : ma souffrance est aussi le lieu de ma délivrance…, ce n'est pas un ennemi au contraire, elle révèle mon inaptitude à m'écouter, à écouter et surtout à accueillir qui je suis, à entrer en contact avec mon être profond!
Il l'a regarde les yeux écarquillés, pour la première fois il se tait… Où est-il à ce moment ? Peut-être est-il…
Chacun peut imaginer la suite!
vendredi 7 avril 2017
Citation du jour
Voilà un des ouvrages que je trimballe avec moi, de déménagement en déménagement, depuis des années et que je ne lis ou relis que par petits bouts à chaque fois. Ainsi, ce matin. Extrait:
—"Eh bien, Wittgenstein, dites-moi, comment trouvez-vous la vie hors du giron universitaire de Cambridge ?"
C'était visiblement là un sujet que Wittgenstein était prêt à aborder avec une énergie considérable, car il se tourna rapidement vers Snow et ses yeux avaient retrouvé leur célèbre éclat quand il répliqua sèchement :
—"Infiniment préférable! La vie universitaire est détestable. Les commérages de mon domestique au Collège surpassaient de loin l'intelligence hypocrite des brillants causeurs lors des dîners. Einstein avait raison de dire qu'un bien meilleur travail intellectuel serait accompli par un cordonnier qui effectuerait sa tâche dans la journée et réfléchirait la nuit."
John L. Casti, Un savant dîner ou comment cinq philosophes et scientifiques discutent, lors d'un somptueux festin, la possibilité de créer une machine aussi intelligente que l'homme, Flammarion, 1998, p.37-38
—"Eh bien, Wittgenstein, dites-moi, comment trouvez-vous la vie hors du giron universitaire de Cambridge ?"
C'était visiblement là un sujet que Wittgenstein était prêt à aborder avec une énergie considérable, car il se tourna rapidement vers Snow et ses yeux avaient retrouvé leur célèbre éclat quand il répliqua sèchement :
—"Infiniment préférable! La vie universitaire est détestable. Les commérages de mon domestique au Collège surpassaient de loin l'intelligence hypocrite des brillants causeurs lors des dîners. Einstein avait raison de dire qu'un bien meilleur travail intellectuel serait accompli par un cordonnier qui effectuerait sa tâche dans la journée et réfléchirait la nuit."
John L. Casti, Un savant dîner ou comment cinq philosophes et scientifiques discutent, lors d'un somptueux festin, la possibilité de créer une machine aussi intelligente que l'homme, Flammarion, 1998, p.37-38
lundi 30 janvier 2017
Jacqueline Falguière
Appris hier, avec tristesse, dans le Monde le décès de Madame Jacqueline FALGUIERE-OUZILOU (décès survenu le 24 janvier dernier, à l'âge de soixante-quinze ans)!
Psychologue clinicienne, psychanalyste, membre de la Société française de psychanalyse, secrétaire générale de l'Institut français d'analyse de groupe et de psychodrame, sa disparition me touche énormément.
Ma rencontre avec Madame Falguière, en tant qu'analysant, a été déterminante pour l'orientation de la suite à donner à ma vie.
Je lui exprime ici toute ma reconnaissance!
Psychologue clinicienne, psychanalyste, membre de la Société française de psychanalyse, secrétaire générale de l'Institut français d'analyse de groupe et de psychodrame, sa disparition me touche énormément.
Ma rencontre avec Madame Falguière, en tant qu'analysant, a été déterminante pour l'orientation de la suite à donner à ma vie.
Je lui exprime ici toute ma reconnaissance!
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