mardi 12 septembre 2017

En cas d'amour

Plus je la lis, plus je suis conquis!
"Socrate va trouver la Pythie, il fait ce long chemin tout à fait physique, difficile, fatigant, pour s'entendre dire : "Connais-toi toi-même." Et s'il fallait aller très loin pour pouvoir se risquer au plus près de soi ? Nous sommes des êtres fragmentés, un feuilletage qu'une unité fragile et toujours renouvelée voudrait résumer en disant "je". Mais ce je, comment saura-t-il qui le compose, ce qu'il aime, ce qu'il désire, s'il ne se risque pas hors de lui-même pour, enfin, après revenir à soi ? Le dépaysement est l'image de ce trajet peut-être essentiel qui voudrait qu'on se perde pour se trouver (…) Quand on part, on ne revient pas le même, et c'est ce dépaysement, parce qu'il fait écho à nos fragmentations intérieures, qui brutalise nos accoutumances, tant il est vrai que nous percevons le monde avec des préenregistrements continuellement tamisés par ce que nous pensons déjà, savons déjà, anticipons, devinons, pressentons, pour ne pas être attrapés trop brusquement par l'inouï. Ainsi va l'amour quand il est de foudre. Il offre tous les dépaysements possibles…"

Anne Dufourmantelle, En cas d'amour. Psychopathologie de la vie amoureuse, Rivages Poche, p.156.

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