jeudi 7 mai 2020

Peut-on se mettre à la place de l'autre ?

Essaie d’imaginer l’horizon…
Elle : d'accord, j’y vais !
Lui : je ne te dis pas de partir, mais de là où tu es, c’est-à-dire ici-même, imagine l’horizon…
Elle : le tien ou le mien ?
Lui : le tien, bien sûr
Elle : d'accord… j’essaie (elle fait mine de se concentrer)
Lui : alors, que vois-tu ?
Elle : Rien !
Lui : impossible !
Elle : pourquoi impossible ?
Lui : parce que le rien n’existe pas…
Elle : alors pourquoi l’appelle-t-on rien s’il n’existe pas ? Pourquoi est-il au masculin et pas au neutre ?
Lui : tu sais bien, c’est comme si tu me demandais qu’est-ce qu’il y avait avant le Big bang ?
Elle : justement, d’après toi, qu’est-ce qu’il y avait avant ?
Lui : le vide évidemment !
Elle : le vide, évidemment. Admettons, mais alors qu’est-ce que le vide ?
Lui : le vide c’est quand il n’y a ri…
Elle : qu’est-ce qui se passe ? Tu as un problème à la langue ?
Lui : le problème est que personne ne sait répondre de manière absolue à cette question…
Elle: laquelle ? Le rien ou le big bang ou le vide ?
Lui : les trois, probablement.
Elle : donc, si je dis « je ne vois rien à l’horizon », à part moi personne ne peut infirmer ou affirmer ce que je dis ?
Lui : je vois où tu veux en venir, en effet, je ne peux pas savoir pour toi, et ton horizon… Au fait, à quoi pensais-je en te parlant d’horizon ?
Elle : désolé, comme je ne suis pas à ta place…
Lui : oui, le problème c’est moi-même, je n’arrive pas à m’assimiler autrement qu’à la place de l’autre
Elle : c’est grave docteur ? Non, je te taquine, au fond j’aime quand je te vois t’exprimer comme ça . Au final, personne ne sait pour l’autre
Lui : oui, on peut juste essayer de se comprendre, et sur ce registre tu en sais mieux que moi
Elle : et ça repart…, comment sais-tu que j’en sais mieux que toi
Lui : bon, j’ai compris…C’est bientôt l’heure de l’apéro, non ?

Aucun commentaire:

 Nous sommes au téléphone depuis une dizaine de minutes, je ne suis pas du tout à l'aise : —Attends s’il te plaît, lui dis-je, donne-moi...