dimanche 4 octobre 2020

Mon poète du mois: Antoine Emaz

 

 Il n'y a pas de bout de la nuit

seulement une maison vide

et silencieuse de tous ses murs


on est dedans


pas en prison


mais dedans


et la nuit comme aveugle

tourne en rond

les mots piochent piquent

des étoiles

on dira ça comme ça

des lumières fermées

tension

ce silence qui vient de biais si l'on n'agit pas c'est lui qui va emporter la mise la main les mots dans l'ardoise et plus rien

pas facile d'aller contre l'aigu du silence dans la maison vide il siffle comme chez lui il sape il pèse ensuite habitué qu'il est du lieu

une lame de nuit

tension sans l'avoir vue venir — vite glisser — tension — nerfs cordes mais quelle musique grommellement de mots pour rien ce bruit de chien grondant comme pour intimider le silence dessous qui passe

continuer à parler — rester dans le blanc de la lampe plutôt que la nuit qui tait la maison tait tout

un bruit d'eau presque rassure dans la gouttière

on tient à peu [...]


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 Nous sommes au téléphone depuis une dizaine de minutes, je ne suis pas du tout à l'aise : —Attends s’il te plaît, lui dis-je, donne-moi...