(Charles Juliet)
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Nous sommes au téléphone depuis une dizaine de minutes, je ne suis pas du tout à l'aise : —Attends s’il te plaît, lui dis-je, donne-moi...
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3 commentaires:
j'aime bien cette citation de Charles Juliet - il me semble que c'est cette manie humaine de toujours vouloir aller bien qui gâche "tout" - y renoncer laisse le champ libre au bonheur
Quelle provocation apparente que d'opposer chance et souffrance. Ce point de vue mérite beaucoup de recul pour échapper au sordide. Cette lecture très stoîcienne de l'existence souffre du manque de nuance. Cet extrait ne dit rien du vécu de Juliet. Si la souffrance évoquée se résume à la douleur d'un ongle cassé ou d'un loyer impayé; alors la pudeur s'impose. En revanche, s'il s'agit des souffrances du cancéreux en phase terminale ou de l'affamé nord-coréen, je doute que ces états soient les meilleurs préparatifs pour recevoir la joie. Tout est question de mesure bien sûr. La souffrance peut aussi dévaster le terrain où la joie aurait pu naître et grandir. Le dolorisme de l'auteur n'est pas universel, la dimension expiatoire toujours contestable. Je pense qu'il convient mieux d'évoquer l'effet contraste dans l'alternance des états. La souffrance m'éloigne de la joie et la joie m'éloigne de la souffrance. Savoir refuser la souffrance n'est pas pouvoir la refuser. Je crois que la souffrance ne prépare en rien le terrain où grandira la joie; tout au plus permet-elle simplement d'en signaler l'existence, le possible. Toutes mes excuses à l'auteur, ainsi qu'à ses lecteurs convaincus.yoyo
Je suis touché par la vive réaction de Lionel au texte de Charles Juliet. Je comprends d'autant plus tes réserves, Lionel, que la citation peut donner à penser, effectivement, que l'auteur magnifierait la souffrance au prétexte qu'il en sort toujours de la joie! Par ailleurs, comme toute citation de ce genre, celle-ci est donnée sans référence explicative au contexte.
Dans "Trouver la source", livre d'entretiens et de textes divers d'où est extrait la citation en question, Ch.J. écrit cette phrase qui en dit long sur sa longue traversée du désert, sur sa propre souffrance : "En nous est la source. Mais pourquoi avons-nous tant de mal à la rejoindre?"
Toute la vie de l'auteur témoigne de cette quête incessante, souvent douloureuse, de soi. Comment rejoindre la source d'eau vive sans accepter, sans reconnaître l'abîme qui nous en sépare? Et cet abîme insondable ne revêt-il pas souvent l’enveloppe agressive, destructrice de la "souffrance", ma souffrance propre et aussi celle des autres ?
Pour autant, nous le savons, refuser la souffrance ne nous empêche pas de souffrir. L'accueillir, la reconnaître ne la détruit pas non plus, par contre on ne la vivrait plus de la même manière ; il y a une connaissance intérieure du souffrir qui rend possible l'expérience du corps à corps enfin consenti, d'où pourrait naître l'inattendu, l'inespéré: l'expérience de la joie!
Cela demande évidemment du temps, beaucoup de temps, et aussi un travail sur soi, voire de l’accompagnement thérapeutique, et sans doute aussi la foi, car le terrain est difficile d'accès et dur à préparer : "Il faut toute une vie pour arriver à naître", reconnaît Ch. Juliet dans son livre Traversée de la nuit.
Peut-être pour aller plus loin à la rencontre de Ch.J., car je sens que tu ne vas pas t'arrêter là, je te recommande, en plus des deux titres mentionnés, de lire Lambeaux, un récit bouleversant, très fort!
A bientôt, sur le blog ?
Alkaly
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