Mais dans nos rêves nous faisons parler les autres. On entre en conversation avec les morts, avec les disparus. Cela arrive. Moi j'ai même fait parler mon chien ! Parce qu'on dit toujours que les chiens, il ne leur manque que la parole. Il y a un chien que j'aimais infiniment et à qui j'ai donné la parole. Il parlait peut-être un peu mal, il bafouillait… Et je lui disais — parce qu'il m'embêtait alors que j'étais entrain de travailler, pour une fois, et il voulait sortir — je lui disais dans mon rêve:
— "Attends un peu, je finis ce que j'ai à faire, et après on sort, je te promets".
Et vous savez ce qu'il m'a répondu ? Cela m'a vraiment touché…: il m'a répondu :
— "Je ne te crois pas !"
J.-B. Pontalis, in Fenêtres sur l'inconscient (colloque sur l'œuvre de J.-B.Pontalis, sous la direction de F.Duparc) p, 151-152, Delachaux et Niestlé, 2002.
2 commentaires:
Quelle est la suite de l'histoire? Le "maître" a-t-il été peiné de n'être pas cru? Le chien est-il sorti? L'auteur explique-t-il ce qu'il entend par aimer "infiniment" son chien? Mine de rien il y a beaucoup de suspense...
D'abord, merci de vous intéresser au blog. Vous avez choisi, pour l'instant, l'anonymat. Le jeu n'est pas tout à fait égal, mais je respecte, et puis je trouve ça amusant de dialoguer sans pouvoir mettre un nom ou un visage sur son/sa interlocuteur/trice.
Pour répondre à vos questions précises: non, Pontalis ne livre pas la suite de son rêve, en tout cas pas dans ce texte. Pour situer le contexte, l'auteur répond ici à une question posée par un participant au colloque consacré à l'œuvre de Pontalis. La question était formulée ainsi: "Pourriez-vous développer un peu plus ce que vous avez dit sur le rêve; le rêveur ne pouvant pas parler serait contraint de figurer". A quoi Pontalis répond, avec un certain humour, qu'il n'a pas besoin de développer. Je donne à lire sur le blog la suite de sa réponse. Je suis comme vous, on aurait aimé qu'il en dise plus sur son chien, par exemple! Mais l'intérêt ici, me semble-t-il, serait ce que vous appelez le "suspense".
Peut-être aussi le désir de lire Pontalis dans le texte? Je vous recommande trois titres: Un homme disparaît, Gallimard, 1996 ; Ce temps qui ne passe pas, Gallimard, 2007 ; Fenêtres, Gallimard, 2000. Bonne lecture et à bientôt, j'espère, sur le blog. Alkaly
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