dimanche 1 juin 2008

Dans nos rêves nous faisons parler les autres

"C'est une évidence que lorsqu'on rêve, même si on s'agite un petit peu, la motricité est réduite; quand on dort, on ne parle pas. Sauf parfois lorsqu'on crie dans les cauchemars ou dans les rêves d'angoisse, où on articule quelques mots. 
Mais dans nos rêves nous faisons parler les autres. On entre en conversation avec les morts, avec les disparus. Cela arrive. Moi j'ai même fait parler mon chien ! Parce qu'on dit toujours que les chiens, il ne leur manque que la parole. Il y a un chien que j'aimais infiniment et à qui j'ai donné la parole. Il parlait peut-être un peu mal, il bafouillait… Et je lui disais — parce qu'il m'embêtait alors que j'étais entrain de travailler, pour une fois, et il voulait sortir — je lui disais dans mon rêve:
— "Attends un peu, je finis ce que j'ai à faire, et après on sort, je te promets".
Et vous savez ce qu'il m'a répondu ? Cela m'a vraiment touché…: il m'a répondu :
— "Je ne te crois pas !"

J.-B. Pontalis, in Fenêtres sur l'inconscient (colloque sur l'œuvre de J.-B.Pontalis, sous la direction de F.Duparc) p, 151-152, Delachaux et Niestlé, 2002.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Quelle est la suite de l'histoire? Le "maître" a-t-il été peiné de n'être pas cru? Le chien est-il sorti? L'auteur explique-t-il ce qu'il entend par aimer "infiniment" son chien? Mine de rien il y a beaucoup de suspense...

Alkaly Cissé a dit…

D'abord, merci de vous intéresser au blog. Vous avez choisi, pour l'instant, l'anonymat. Le jeu n'est pas tout à fait égal, mais je respecte, et puis je trouve ça amusant de dialoguer sans pouvoir mettre un nom ou un visage sur son/sa interlocuteur/trice.
Pour répondre à vos questions précises: non, Pontalis ne livre pas la suite de son rêve, en tout cas pas dans ce texte. Pour situer le contexte, l'auteur répond ici à une question posée par un participant au colloque consacré à l'œuvre de Pontalis. La question était formulée ainsi: "Pourriez-vous développer un peu plus ce que vous avez dit sur le rêve; le rêveur ne pouvant pas parler serait contraint de figurer". A quoi Pontalis répond, avec un certain humour, qu'il n'a pas besoin de développer. Je donne à lire sur le blog la suite de sa réponse. Je suis comme vous, on aurait aimé qu'il en dise plus sur son chien, par exemple! Mais l'intérêt ici, me semble-t-il, serait ce que vous appelez le "suspense".
Peut-être aussi le désir de lire Pontalis dans le texte? Je vous recommande trois titres: Un homme disparaît, Gallimard, 1996 ; Ce temps qui ne passe pas, Gallimard, 2007 ; Fenêtres, Gallimard, 2000. Bonne lecture et à bientôt, j'espère, sur le blog. Alkaly

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