lundi 21 décembre 2009
dimanche 20 décembre 2009
Citation du jour
Rainer Maria Rilke
jeudi 17 décembre 2009
Paul Klee
dimanche 6 décembre 2009
Claude Lévi-Strauss
"…même si je reste sourd aux réponses religieuses, je suis de plus en plus pénétré du sentiment que le cosmos, et la place de l'homme dans l'univers, dépassent et dépasseront toujours notre compréhension. Il arrive que je m'entende mieux avec des croyants qu'avec des rationalistes à tous crins. Au moins les premiers ont le sens du mystère. Un mystère qu'à mes yeux, la pensée apparaît constitutionnellement impuissante à résoudre."
1. Claude Lévi-Strauss, De près et de loin, éditions Odile Jacob, 1988, p.14
mercredi 25 novembre 2009
C'est à lire…
Autant le savoir, et apprendre le secret de fabrique de ce qu'en Occident on appelle le "politico-religieux", en ces temps où le lien social se distend, où la logique communautariste et identitaire semble l'emporter sur ce qui rassemble.
Ce livre est le fruit de quarante années de recherche, par l'anthropologue français le plus discuté à l'étranger après Claude Lévi-Strauss, et dont le parcours a été marqué par quatre étapes majeures sur le chemin de cette conclusion fondamentale, chacune d'elles faisant ici l'objet d'un chapitre:
— il est des choses que l'on donne, des choses que l'on vend, et d'autres qu'il ne faut ni vendre ni donner mais garder pour les transmettre ;
— nulle société n'a jamais été fondée sur la famille ou la parenté ;
— il faut toujours plus qu'un homme et une femme pour faire un enfant ;
— la sexualité humaine est fondamentalement a-sociale.
Un livre de référence, qui vaut aussi introduction générale à l'œuvre de Maurice Godelier"
(Quatrième de couverture)
Maurice Godelier, Au fondement des sociétés humaines. Ce que nous apprend l'anthropologie. Albin Michel, 2007, 287p.
Du même auteur, je vous recommande L'Enigme du don, Fayard, 1996
samedi 7 novembre 2009
Citation du jour
Claude Lévi-Strauss
samedi 31 octobre 2009
Le temps
Non point, qu'on entende bien la question, comment penser le temps — là-dessus, la philosophie n'a cessé de disserter — mais, de façon plus radicale, avait-on besoin, et pour quoi faire, d'un concept de "temps"?
Cette question, je crois qu'on n'a pas imaginé de la poser.
Car le "temps" ne cesse d'habiter notre pensée quotidienne, à titre d'évidence, et de la mouler ; et, si toute l'histoire de la philosophie, le recevant comme un donné, n'a cessé, à travers ses renouvellements, d'en interroger l'énigme, c'est sans sortir du cadre notionnel qui, dès l'abord, dans la langue, s'imposait à elle (…)
Y aurait-il une alternative à la pensée du temps ?
Et, de fait, de dessous cette question du temps, c'est bien celle du "vivre" que je me propose de tirer au jour, pour l'aborder à nouveaux frais ; ainsi que, pour être en mesure de déployer la notion du vivre en la décollant du temps, celle des conditions de possibilité de sa prise en charge par la philosophie. Car vivre — mais non pas une vie comme on en parle du dehors, s'agirait-il de "sa" vie — ne se passe pas en début et fin ; vivre en soi n'est pas de l'ordre du déplacement du mobile et de la traversée.
Et, d'autre part, comment vivre au "présent" si celui-ci, selon la définition physique, n'est qu'un point sans extension, un in-stant sans maintenant possible ? (…)
Faire un détour par la Chine, au fond, nous servirait à cela: en passant par d'autres cohérences, ignorantes de nos constructions subjectives, il s'agit de porter à la réflexion ce qui ne cesse d'être impliqué par notre expérience, et même que nous ne cessons de dire au quotidien, mais que, de par les choix qui sont les siens, n'a pu penser la philosophie.
Chemin faisant, j'ai donc tenté de dégager une autre perspective que celle du surplomb du temps et du grand drame — existentiel" — qu'elle organise ; j'ai pris, à l'essai, le parti d'une sagesse qui, dans son ouverture au "moment" et face à l'angoisse de la mort, dirait une insouciance qui ne soit pas une fuite (…)
Mais puis-je vraiment m'en tenir là ? En se laissant confronter, la question du "temps" et la pensée du "vivre" se réfléchissent et, je l'espère, s'éprouvent et se travaillent ; mais, je le constate, elles ne s'intègrent pas — , je n'ai pas vu comment dépasser, sur un tel sujet, l'antinomie de la sagesse et de la philosophie."
François Jullien, Du "temps". Eléments d'une philosophie du vivre. Grasset, 2001, p.7-9.
lundi 19 octobre 2009
L'attente!
— Comment allez-vous, Madame O.?
— Ma foi, on est là… (elle marque un bref arrêt), puis ajoute — j'attends!
Alors, je m'assois à côté d'elle, et nous attendons.
Son regard fixe et vide me touche et me questionne tout à la fois.
De quoi est-il l'expression?
Ainsi assis, côte à côte, nous attendons, chacun plongé dans ses pensées.
Les miennes ouvrent sur le présent de l'attente:
— Comment Mme O. habite-t-elle l'attente?
Elle, sans doute, avec ses souvenirs, l'avenir n'existant plus pour elle.
A 80 ans, la Maison de retraite est sa dernière demeure.
Sauf qu'elle n'a pas choisi elle-même d'être ici.
Plus tard, ses enfants me diront qu'ils n'avaient pas le choix non plus.
Le choix, justement, ce mot me revenait à l'esprit à chacune de mes rencontres avec Mme O.
— La mort n'est pas un choix, la vie non plus, du moins en ses commencements, me disait, l'autre jour, un autre pensionnaire plutôt philosophe.
— Après, chacun a la possibilité de choisir la vie, sa vie, avant qu'on choisisse à nouveau pour vous, concluait-il.
Mme O. sait, elle, ce qu'elle attend maintenant, ou plutôt ce qui l'attend, mais ce n'est pas ce qu'elle veut.
Ce qu'elle veut, c'est de retourner dans sa maison.
Elle le veut tout en sachant que cela est impossible.
C'est cet impossible, synonyme de non retour, qui donne l'impression que le temps s'est arrêté pour Mme O.
Comme si elle ne pouvait plus rien attendre du temps qui s'est figé avec elle…
Cependant, nos rencontres hebdomadaires, dans leur brièveté même, ne remettent-elles pas du mouvement dans nos deux existences ?
N'est-ce pas cela vivre dans le présent, dans le moment présent ? Ce moment qui nous saisit dans le vif de nos singularités!
lundi 5 octobre 2009
Citation du jour: "Quand nos yeux se touchent, fait-il jour ou fait-il nuit ?" (signer une question d'Aristote)
Est-ce le jour, ici, à cet instant ? (…)
Faudrait-il faire la nuit, faire paraître la nuit pour se voir regarder l'autre ou pour se voir regardé par l'autre ? Pour voir l'autre nous voir, soit à la condition qu'alors nous ne voyions plus la visibilité, seulement la voyance des ses yeux ? Est-ce cela, la nuit, notre première nuit, le premier sens, le sens fort du mot "nuit" ?
Le premier qu'il nous faille avoir le goût d'entendre, avant de voir ou de toucher ?
—Répétons cette question. Mais déplaçons-la cependant en prenant acte de son déportement: "Est-ce le jour, alors, à cet instant ? Est-ce la nuit ?
Si l'on répond "la nuit", ne dirait-on pas que dans la constance de ce contact, dans l'interruption consentie qui les tient ensemble, les yeux se touchent alors en aveugles ?
Cependant, elle m'objectait, celle que je surnomme la question, ou je m'objectais, moi-même, à moi-même: "à moins qu'ils ne commencent ainsi à s'entendre, justement".
— Mais justement, quand je croise ton regard, je vois et ton regard et tes yeux (…), et tes yeux ne sont pas seulement voyants mais visibles. Or parce qu'ils sont visibles, je pourrais les toucher, justement, du doigt, des lèvres et même des yeux…"
Jacques Derrida, Le toucher, Jean-Luc Nancy, éditions Galilée, 2000, p.12-13. (Livre de philosophie, 354p). C'est à lire, pour aller à la rencontre de la pensée du "toucher" dans l'œuvre de Jean-Luc Nancy, vue, regardée, touchée par Derrida!
jeudi 1 octobre 2009
Guinée: Conakry compte ses morts.
Bilan officiel : 57 morts, mais l'organisation guinéenne de défense des droits de l'Homme avance 157 morts et un millier de blessés. C'est trop!
"L'armée est devenue le corps malade du pays", disait avec justesse un observateur de la scène politique africaine. En effet, l'armée est omniprésente depuis la mort du premier dictateur, Sékou Touré, en 1984. Moussa Dadis Camara, le chef de la junte actuelle, est venu au pouvoir grâce à un putsch le 23 décembre 2008, à la suite du décès d'un autre militaire-dictateur, L. Conté, en promettant d'assurer la transition en vue des élections libres.
Or, depuis cet été, il a clairement laissé entendre sa décision de se présenter aux élections présidentielles. D'où la manifestation de protestation de l'Opposition lundi dernier. D'où la répression: des soldats tirent sur les manifestants, tuent, pillent, violent…
La communauté internationale a condamné dans son ensemble le comportement irresponsable de la junte au pouvoir. Mais elle ne doit pas s'arrêter là, comme l'a si bien exprimé Mme S. Belhassen (présidente de la Fédération internationale des Droits de l'Homme) elle doit contraindre Dadis Camara à respecter les droits de l'Homme et sanctionner les auteurs des crimes graves perpétués cette semaine, et assurer à la Guinée une transition et les élections libres et transparentes.
J'ose espérer que les choses peuvent évoluer dans ce sens, car voilà plus de cinquante ans (depuis l'indépendance) que mon peuple souffre, endure, et pour finir se fait tirer dessus comme des lapins!
C'est très rare dans ce blog, je crois, que je fasse une entorse au principe qui a guidé à sa création, à savoir: ne parler que des livres, rien que des livres. Mais, voilà, parfois il faut savoir passer outre ses propres principes… Quitte à y revenir.
Merci de votre soutien au peuple guinéen!
mardi 8 septembre 2009
Mon salut de peine à l'Ami Jean-Michel
Mon cher Jean-Michel, la nouvelle de ta mort, attendue et redoutée à la fois, est tombée ce matin comme un cailloux dans mon cœur. En pleine réunion, je suis devenu soudain absent à moi-même, plombé d'émotion et incapable de le dissimuler… Je suis parti.
"Voici le moment où le lac gèle à partir de ses rives et l'homme à partir de son cœur."
La première fois que je l'ai lue, cette phrase (extraite du recueil de poèmes de l'écrivain Tchèque Vladimir Holan), c'était il y a une douzaine d'années, suite à une autre perte, celle de mon épouse, qui me plongea pendant longtemps dans une brume cotonneuse, où je n'échappai à l'effondrement que grâce à la présence de mes enfants et à l'amitié soutenante des uns et des autres.
Nous ne nous connaissions pas encore, toi et moi, cela arrivera quelques années plus tard en région parisienne grâce à une amie commune qui a eu la gentillesse de me présenter "l'artiste-peintre"Aquino, ton nom d'emprunt. Depuis ce jour, presque tout le temps, nous avons été en lien; tu m'as introduit dans ton milieu à la fois simple et raffiné, vrai comme toi, drôle, ouvert et libre…
De mon côté, je t'ai laissé découvrir ou sentir ce qui me faisait vibrer à la vie, Dieu d'abord, mes enfants, mes amis, les livres, le jazz, la liberté (toujours à conquérir) de pouvoir penser par moi-même…
Nous nous sommes compris tout de suite et le temps n'a fait que renforcer notre amitié, malgré l'éloignement, toi au Maroc et moi à Nîmes.
Douleur!
Impossibilité et vanité du langage quand la mort frappe un être cher. On ne peut dire, je ne peux dire ici que des banalités, puisque l'essentiel (hors-langage) se dérobe.
Deux semaines plus tôt je suis venu te rendre visite à Paris, avec une amie, dans la clinique où tu étais sensé te reposer ; mais tu n'étais pas dupe, tu savais — on en a parlé — que la mort, ta mort était très proche. Alors, les yeux humides et la gorge nouée, nous avons parlé et préparé l'après. Tu n'étais pas vraiment croyant, mais tu me faisais confiance —je ne sais pas pourquoi —et tu tenais à ce que ce soit moi qui préside tes obsèques en présence de tes "nombreux" amis! Je me suis senti, tu as dû le voir car on ne se quittaient pas des yeux, soudain confronté à une impossibilité douloureuse de prendre la parole devant ton cercueil que j'imaginais, déjà, posé dans le Temple!
Mais comment dire non à ta demande ?
Douleur!
"Il se sentait desséché,
Comme une fontaine qui n'aurait pas eu assez de son eau,
Un barrage de sa rivière, une bouteille de son vin…
Et même quand il se disait
Que le présent se succédait trop vite à lui-même
Pour n'être pas déjà le futur,
Il sentait que dans l'un aussi bien que dans l'autre
En fin de compte l'homme se mourrait,
S'il ne souffrait jusqu'au non-sens…
Et s'il souffre tant que cela, comment se fait-il
Qu'il ne pleure pas de lui-même
Comme parfois les cloches d'elles seules sonnent ?
Et pourtant il le fait…" (item, p.61)
Douleur!
Ce matin au téléphone avec ta mère nous avons convenu que le service religieux aura lieu le lundi prochain, au Temple de Villeneuve St Georges, où tu n'as pénétré de ton vivant, si mes souvenirs sont bons, qu'une ou deux fois. Tu as dû trouver que c'était suffisant. Peut-être que tu ne voulais pas en abuser tout simplement, comme certains peuvent abuser d'un bon vin…
Tu nous as donc donné rendez-vous (le dernier que tu aies fixé de ton vivant), à tes parents, amis et collègues dans un lieu de prière et de recueillement…
C'est certainement un message que tu nous adresses. Pour l'instant je ne peux pas, je ne veux pas le déchiffrer, et c'est peut-être mieux ainsi.
Voilà, Jean-Michel Blan/Aquino, mon ami, voilà mon salut de peine et de parole incertaine.
Tu es resté vivant jusqu'à la mort, comme dirait Paul Ricœur. Repose en paix maintenant. Ton œuvre survivra, car elle se réinscrit désormais dans le temps immortel, "temps trans-historique de la réception de l'œuvre par d'autres vivants qui ont leur temps propre."2
Nous voici devenus des veilleurs!
Alkaly
Ps: je conserve, bien sûr, ton site sur le blog 3, à moins que cela te dérange. Tu me le diras, hein ?
(1)Vladimir Holan, Douleur, éditions Metropolis, 1994
(2) Paul Ricœur, Vivant jusqu'à la mort, Seuil, 2007
(3) http://www.artmajeur.com/blankino
vendredi 28 août 2009
Réfléchir ou penser ?
mercredi 26 août 2009
Mes lectures d'été
lundi 3 août 2009
Citation du jour
lundi 27 juillet 2009
un fragment d'existence soustrait au temps
mercredi 1 juillet 2009
C'est à lire…
samedi 6 juin 2009
C'est à lire…
jeudi 4 juin 2009
Bravo Christiane Veschambre!
COMMUNIQUE PRESSE
Prix des Explorateurs : le palmarès des collégiens des Yvelines
Créé en 2005 à l'initiative de la Maison de la Poésie de Saint-Quentin-en-Yvelines, le Prix des explorateurs a pour ambition de faire découvrir la poésie contemporaine aux collégiens.
Pour cette édition 2008/2009, 5 ouvrages ont été sélectionnés par la Maison de la Poésie, le Musée de la ville et les médiathèques ainsi que des poètes et enseignants.
Thème retenu : le temps.
Après plusieurs mois de lectures et d'échanges, les 200 collégiens investis dans ce projet ont désigné non pas un, mais deux lauréates, arrivées ex-æquo :
Christiane Veschambre pour son recueil Robert et Joséphine, éd. Cheyne, 2008
Valérie Rouzeau pour son texte Apothicaria, éd. Wigwam, 2007
La remise des prix se déroulera le lundi 8 juin à 14h à la Maison de l'Environnement, des Sciences et du Développement Durable, en présence de l'une des deux lauréates : Christiane Veschambre.
Post-scriptum: Bravo à Christiane Veschambre, auteur par ailleurs de Les Mots pauvres dont nous avons déjà parlé sur ce blog! Nous sommes plusieurs amis et lecteurs fidèles à nous réjouir de cette distinction: que des jeunes soient touchés par Robert et Joséphine ne me surprend pas personnellement, peu de lecteurs résisteraient à la poésie de ce recueil!
A.C
samedi 9 mai 2009
Leçon de vie
vendredi 17 avril 2009
Citation du jour
samedi 4 avril 2009
Citation du jour
mardi 17 mars 2009
Le Printemps des poètes avec Christiane Veschambre
samedi 7 mars 2009
Citation du jour
samedi 28 février 2009
EVENEMENT
samedi 14 février 2009
Citation du jour
samedi 10 janvier 2009
Le moment présent…
Nous sommes au téléphone depuis une dizaine de minutes, je ne suis pas du tout à l'aise : —Attends s’il te plaît, lui dis-je, donne-moi...
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"Le monde où nous vivons m'est apparu, dès l'enfance, comme une vaste énigme, à la fois terrifiante et superbe, que nous avons ...
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" Livré aux seuls gens normaux, le monde n'aurait pas un grand avenir. Cela devrait nous enseigner la tolérance et l'écoute la ...
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"Oui. On nous oubliera. C'est la vie, rien à faire. Ce qui aujourd'hui nous paraît important, grave, lourd de conséquences, eh ...