Il m'arrive quelquefois, comme ce soir, d'être soudainement pris par l'envie d'aller cueillir une pensée chez tel ou tel auteur. Ce soir, alors que mon esprit n'était occupé à rien et que je restais là, planté devant mon ordinateur, s'est imposé à moi comme une évidence un nom, Leslie Kaplan ! Et un titre, Les outils (pour penser) ! Livre découvert en 2003, après avoir été très touché par la lecture de L'excès l'usine, dont Marguerite Duras dira (dans un entretien avec Kaplan, entretien repris dans Les outils) : "Je crois qu'on n'a jamais parlé de l'usine comme vous le faites. Elle est complètement autre chose, elle est comme à l'origine d'un autre temps. On la reconnaît. C'est très impressionnant. Comme une donnée commune. Même à tous ceux qui n'ont jamais abordé ça."
J'avais déjà lu aussi Le psychanalyste, qui m'avait beaucoup enthousiasmé, un roman à la fois grave et joyeux, intelligent. Le livre s'ouvre par une conférence sur Kafka, puis tout s'emballe, rythmé par quelques séances de psychanalyse. Un vrai tour de maître. Que j'ai relu et relu, et proposé finalement à notre Cercle de lecture, qui l'a dévoré, carrément !
Donc, dis-je, ce soir, mû soudain par je ne sais quel appel venu de je ne sais d'où, je me murmure à moi-même ce nom que je n'avais plus prononcé depuis un certain temps (je me souviens de l'avoir cité ici-même, dans le blog au moment de ma découverte d'un autre auteur qui ne m'a plus quitté depuis, Maurice Blanchot !) : Leslie Kaplan. Donc ce soir, je partage avec vous le fruit de ma cueillette, —oh ce n'est pas un grand panier tout plein, —rien d'exubérant ici mais j'aime, car c'est doux et bon. C'est tout à la fin d'un magnifique poème bilingue (Oui, Leslie Kaplan est française née à New York!) "Translating is sexy" :
"Mais le ciel, ses stries. Rien ne nous protège de sa beauté. Tout vouloir. Le ciel, le vin, les livres, l'amour. Et la pensée. Si on n'a pas la pensée, on n'a rien. Rien de sa vie. Rien. Mais la pensée, on ne l'a pas. On la pense."
Leslie Kaplan, Les Outils, P.O.L 2003, p.113
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