vendredi 25 décembre 2015

C'EST NOÊL !

Voici que j'entends…

Ecoute et réjouis-toi
Ne fais rien d'autre

Ecoute le mystère!
Ressens le bien-être qui coule en toi!

C'est NOÊL !
Je réponds, OUI !

Joyeux NOÊL à TOUS !

jeudi 24 décembre 2015

JOYEUX
                                   NOÊL
             
             JOYEUX

                                                       NOÊL

JOYEUX
                                   NOÊL
              A 
                                             TOUS

lundi 23 novembre 2015

François Cheng

"…Ici nous pensons à une expérience, apparemment anodine, de Jacob Boehme, le mystique rhénan du XIIè siècle. Un après-midi de solitude dans son humble logis, il vit une lumière traverser la fenêtre et venir se projeter sur un ustensile en étain posé sur un meuble. Le reflet irisé que donna ce rayon, soudain, le toucha jusqu'aux tréfonds, ravissant son âme. Là où un matérialiste pur et dur ne constate qu'un banal phénomène physique, lui, il éprouve un sentiment d'étonnement et de grâce: comment se fait-il qu'au sein de ce monde terrestre, de ces heures humaines perdues dans un coin de l'univers infini, poussières parmi les poussières, il y a tout de même cet instant miraculeux où une clarté opportune vient au contact d'un objet anonyme, éphémère, emplissant le cœur d'un être tout aussi anonyme, éphémère, d'une indicible émotion."

François CHENG, Le livre du Vide médian, Albin Michel (édition revue et augmentée), 2009, p.14-15

mardi 17 novembre 2015

SEMAINE DE RENCONTRES ISLAMO-CHRETIENNE

Imams et prêtres : quelle formation pour aujourd’hui ?
Tables rondes et ateliers
samedi 21 novembre 2015
9h30 – 17h00
Institut Européen des Sciences Humaines (Saint-Denis)
ISTR - Institut de Sciences et de Théologie des Religions - Theologicum
19 rue d’Assas 75006 Paris
Renseignements : 01 44 39 84 80 - istr.theologicum@icp.fr www.icp.fr/theologicum

La formation des « ministres du culte » représente un enjeu important
pour toute religion instituée. Cela s’avère particulièrement vrai dans notre société, dont la configuration religieuse évolue très vite, et à l’heure où le numérique permet une fragmentation démultipliée du discours religieux, difficilement contrôlable.
Comment former des hommes à même de répondre à tous les défis posés par le contexte actuel ? Musulmans et catholiques ont sûrement à gagner à réfléchir ensemble à cette question.
Même si la figure du prêtre diffère de celle de l’imam, leurs missions se rejoignent sur bien des points. On s’efforcera d’explorer ensemble la façon dont chaque communauté religieuse pense aujourd’hui la formation de ses ministres en se mettant, autant que possible, à l’écoute
des questions très concrètes posées par le terrain.
9h30-10h45 : Prêtres et imams : une formation pour quelle mission ?
Modérateur : Mohamed Bachir, imam, Avec : Tryphon Bonga, prêtre, formateur ; Mohammed Iwaz, professeur à l’Institut Al-Gazali - Grande Mosquée de Paris
11h15-12h30 : Formation des prêtres, formation des imams : regards croisés.
Modérateur : Hamza Garbi, imam
et formateur avec : Ahmed Jaballah, théologien musulman, directeur de l’IESH de Paris ; Henri de La Hougue, prêtre, formateur
12h30-14h : déjeuner libre
Informations pratiques
14h-15h30 : Ateliers
- Former au discours, Cissé Alkaly et Mohammed Ghamgui
- Former à la rencontre, Ammar Arouibah et Henri de La Hougue
- Former à l’accompagnement des fidèles et des communautés, Françoise Niessen et Khalid Affan
- Penser la formation dans sa globalité : cursus universitaire, activités, internat, etc., Abdesselem Hafidi et Tryphon Bonga
16h-17h : Formation des imams et des prêtres : pistes et défis pour demain.
Modérateur : Cissé Alkaly, pasteur protestant Avec : Françoise Niessen, formatrice ; Nawal Zine, formatrice à l’IESH, SG du Conseil Théologique Musulman de France ; Jean Courtaudière, prêtre ; Mohammed Bajrafil, imam, SG aide-joint du Conseil Théologique Musulman de France.
Institut Européen des Sciences Humaines
22 rue Charles Michels - 93 200 Saint-Denis
RER D - station: Saint Denis RER (sortie Charles Michels) 01.48.20.15.15 - Entrée libre
Renseignements : Secrétariat ISTR
01 44 39 84 80 - istr.theologicum@icp.fr 19 rue d’Assas 75270 Paris cedex 06 www.icp.fr/theologicum


mardi 10 novembre 2015

Bachelard

Ce lundi 10 octobre a eu lieu le 1er séminaire de recherches de l’année 2015-2016 du Fonds Paul Ricœur, avec pour fil conducteur « L’imagination dans l’œuvre de Gaston Bachelard».Après un tour de table de présentation des sujets de recherche de chacun, le séminaire entre dans le vif du sujet du jour avec l’exposé de Rodolphe Calin, maître de conférence à l’Université Paul Valéry, Montpellier, sur "L’imagination créatrice, une lecture de Bachelard" (première partie). D’emblée, est soulignée l’importance de Bachelard pour Ricœur (cf. La métamorphose vive, Seuil, 1975), la place récurrente de l’imagination sémantique et herméneutique dans ses écrits (comme dans l’œuvre de Cassirer et celle de Castoriadis).
En bref, ce que j’ai retenu : chez Bachelard, il y a un dualisme du psychisme humain : d’un côté l'attrait pour la connaissance discursive (qui procède selon le discours logique), qui conduit à la science ; de l’autre un déploiement de la rêverie, de l'imagination, laquelle culmine vers la poésie. Qu'est-ce que l'imagination ? Selon Bachelard, c'est le processus par lequel nous créons, animons et/ou déformons les images ; l’image est la projection de la pensée dans les choses, ce qui lui permet de dire que l’imagination ne reproduit pas, mais est productrice, créatrice, elle déréalise le réel.
La pensée scientifique déréalise aussi le réel mais pour en faire des outils techniques, grâce à une construction mathématique. Dans la pensée scientifique, il y a une contestation du moi (le sujet intuitif, rêveur) par le non-moi (l’objet reproduit, l’outil).
L’imagination crée une relation directe, immédiate avec le phénomène, le non-moi devient mien dans l’imagination par la projection du moi dans le non-moi.
Auteur d'ouvrages de philosophie des sciences et d'ouvrages de critique littéraire,  Bachelard a cultivé toute sa vie la contradiction, le dualisme entre sciences et poésie. A suivre…

lundi 5 octobre 2015

Paradoxes

Passé l'après-midi sous la pluie dans Paris.
Rien d'anormal en cette saison!
Repensant à la parole de Spinoza "L'éternité, c'est maintenant", me sont venues à l'esprit des associations sous forme de paradoxes que je reprends ici :
Paradoxe 1: L’humain, dans sa quête de l’absolu, s’en éloigne d’autant plus qu’il en est le reflet et la rature.
Paradoxe 2: Il cherche à s’approcher de Cela qu’il nomme de divers noms, le divin, Dieu…Mais pour quoi cet aller-vers l'insaisissable ? Pour se l’approprier, le mettre à demeure? Cette prise en main, ou plutôt cette tentation de prise en main du divin perd de fait ce qu’elle saisit…, et cette saisie porte un nom, selon Jean-Luc Marion : l’idolâtrie. L’idole manque la distance, contrairement à l’icône (le Christ) qui, lui,  “recèle et décèle ce sur quoi elle repose: l’écart en elle du divin et de son visage”.
Paradoxe 3: Visibilité de l’invisible: se donne en se retirant. C’est le message que reçoit Moïse près du buisson ardent au Mont Sinaï, alors qu'il demandait à la Voix invisible “Quel est ton nom?” pour qu’il puisse attester aux Hébreux esclaves en Egypte que c’est bien leur Dieu qui l’envoie. Réponse : “Je Suis Celui qui Suis”…
Paradoxe 4: C’est peu et c’est beaucoup. Il faut s’en contenter, c’est-à-dire se mettre en quête encore, et encore…! Car, contrairement à ce qu'on dit, la foi, comme l’endurance de la pensée, est sans repos…C'est un combat de tout instant, et cet instant est éternel tant qu'il dure, c'est l'unique temps réel pour celui qui le vit !

vendredi 18 septembre 2015

Les journées du Fonds Ricœur


Lundi 12 octobre 9h30-17h

Où va l’herméneutique ?

Journée organisée par le CRAL et le Fonds Ricœur
Sous la direction de Ioana Vultur, Claude Romano et Olivier Abel
A l’occasion de la parution de Critique n°817-818

Matin
9h30 : Jean Greisch : « Quo vadis hermeneutica : l’herméneutique comme sagesse de l’incertitude »
10h15 : Christian Berner : « Interpréter pour comprendre. Réflexions sur les horizons contemporains de l'herméneutique »
11h : Pause café 15mn
11h15 : Pascal Engel et Claude Romano : « Connaissance et interprétation »
12h15 : Pause déjeuner

Après midi
14h : Ioana Vultur et Martin Seel : «Herméneutique et cinéma»
15h : Pause café 15mn
15h15 : Jean-Marie Schaeffer et François Hartog : «Herméneutique et sciences sociales»
16h15 : Marielle Macé : « Expérience, interprétation, usage »
Lieu : Amphithéâtre IPT/Fonds Ricœur, 83 Bd Arago 75014 PARIS, Métro : Denfert-Rochereau ou Saint-Jacques. Entrée libre, sans inscription.
Renseignements : Julie Solviche au Fonds Ricœur, 0143317878. E-mail : julie.solviche@ehess.fr

SÉMINAIRE DU FONDS RICŒUR

Assuré par:

Olivier Abel, professeur à l’Institut protestant de théologie / Fonds Ricœur, CRAL.
Rodolphe Calin, maître de conférences à l'Université Paul-Valéry Montpellier, CRAL
Nicola Stricker, professeur associée à l’Institut protestant de théologie/Fonds Ricœur

2e lundi du mois de 11 h à 14 h, de novembre 2015 à mai 2016, dans la salle du Fonds Ricœur, Bibliothèque de l’Institut protestant de théologie – 83 bd Arago 75014 Paris. Métro Denfert.

Attention : le séminaire commence par une journée d’étude le lundi 12 octobre de 9h30 à 17h, dans l’Amphi du Fonds Ricœur, sur le thème « Où va l’herméneutique ? » (à l’occasion de la parution du numéro de la revue Critique sur ce thème, journée organisée par Ioana Vultur, Claude Romano, et Olivier Abel).

L’herméneutique s’est historiquement constituée autour de l’interprétation des textes « sacrés ». L’objectif de ce séminaire, au carrefour de la philosophie, de la théorie littéraire, de la théologie, et des sciences sociales, consiste à analyser l’extension du problème de l’interprétation à des textes littéraires, historiques ou juridiques, et à pointer chez Ricœur les motifs du virage d'une herméneutique régionale à une herméneutique ontologique, mais aussi d'une herméneutique critique à une herméneutique poétique. Dans tous ces déplacements, la place centrale du thème de l’imagination, et du schématisme de l’imagination poétique, seront notre fil conducteur. Le séminaire du Fonds Ricœur combine les interventions d’invités et les contributions des participants, il est parfois joint aux Journées du Fonds Ricœur.
Programme : voir site www.fondsricoeur.fr



dimanche 6 septembre 2015

Relire Bultmann

"Il ne peut pas y avoir d'exégèse sans présupposition (...) le problème herméneutique se présente à nous...chaque historien se laissera toujours guider par une manière de poser le problème, par une perspective propre. Ce n'est pas une déformation de l'histoire tant que la façon de poser le problème ne repose pas sur un préjugé mais reste une simple interrogation, et tant que l'historien se rend compte que sa façon de poser le problème est unilatérale (...) La compréhension de l'histoire n'est donnée qu'à celui qui, loin de la contempler en simple spectateur, neutre et non concerné, s'y sent lui-même intégré et assume sa part de responsabilité envers elle. Cette rencontre avec l'histoire, née de notre propre historicité, nous l'appelons rencontre existentielle. Elle engage l'historien dans tout son être (...) la connaissance historique n'est jamais complète ni définitive (...) un événement historique est inséparable de son avenir (...)La précompréhension est fondée sur la quête de Dieu qui préoccupe l'homme (...) La rencontre existentielle avec le texte peut aussi bien conduire au oui qu'au non, à la foi confessante qu'à l'incrédulité complète, puisque le texte adresse à l'exégète une exigence, qu'il lui offre une compréhension de soi qu'il peut accepter comme don ou rejeter, puisque, enfin, il l'oblige à la décision."

R. Bultmann, Foi et Compréhension 1, L'Historicité de l'homme et de la Révélation, Seuil, 1970

jeudi 23 juillet 2015

La langue-mère

—Quelle est ta langue maternelle?
—Je n'en ai pas, parce que je ne suis pas!
—Je ne comprends pas bien, quel rapport avec ma question ?
—Je ne suis pas, je n'ai pas été parlée ; ma mère ne m'a jamais rien dit de moi, elle ne m'a jamais adressé sa langue…
—Tu aurais donc traversé l'enfance, toute ton enfance, muette ?
—Oui, comme un chiot errant sans attache, sans récit…
—Et aujourd'hui, c'est comment avec elle, avec ta mère je veux dire ?
—Tout sonne faux entre nous, quelque chose s'est perdu à jamais…
—A jamais, dis-tu ?
—oui, à jamais, pourtant persiste encore en moi l'illusion d'habiter un jour avec ma mère, même morte, dans la même langue!
—Afin de te permettre de sortir de ta coquille…
Oui, de ma coquille devenue encombrante, et pouvoir enfin me dire dans ma propre langue les mots que l'enfant a toujours désiré entendre…, pour m'autoriser à aimer cette mère à la fois si étrangère et si proche en même temps!

mardi 14 juillet 2015

Soulever ou le difficile chemin vers soi-même

—Pourquoi soulèves-tu toujours de graves réflexions, me lança-t-elle en se levant du banc où nous étions assis.
Comme par mimétisme, je me retrouve aussitôt à sa hauteur, et nous voici côte à côte à arpenter d'un pas hésitant le petit chemin conduisant vers le lac.
—Qu'est-ce qui te ferait peur dans ce que je dis ?
—Je n'ai pas envie de ça… Tout devient problème avec toi, tu questionnes sur tout…
—Tu n'as pas envie de ça…, de quoi aurais-tu envie là, maintenant ?
—Marcher, profiter de l'air, oublier tout…
—Oublier même ce qui te blesse ou te révolte ? Tu sais bien que l'oubli peut être une autre manière d'entretenir le souvenir…, ou d'enterrer vivant ce qui demanderait à être interrogé ?
Nos pas deviennent de plus en plus lourds. Nous ralentissons…
Devant nous, en contre-bas, le lac avec son eau claire, comme une offrande!

lundi 22 juin 2015

Contre-allées vient de paraître

Le n° 35|36 de la revue Contre-allées vient de paraître.

 Il contient des textes inédits de Joël Bastard, Rémi Checchetto, Sylvie Durbec, Alain Guillard, Jacques Josse, Jacques Moulin, Erwann Rougé, Jean Azarel, Catherine Bédarida, Anne Belin, Émilien Chesnot, Ghislaine Cuvellier, Armand Dupuy, Françoise Johnen, Barbara Le Moëne, Laurent Mourey, Brigitte Galbiati & Alban Rugosi.

Cécile Glasman et Matthieu Gosztola s’entretiennent ensuite avec les poètes Stéphane Bouquet, Christian Garaud, Cécile Guivarch, Christiane Veschambre, Béatrice Bonhomme, Aurélie Foglia, Sabine Huynh et Déborah Heissler.

Armelle Leclercq, Aurélien Perret, Emmanuel Flory et Cécile Glasman chroniquent enfin une vingtaine des livres et revues.

L’illustration de couverture est de Valérie Linder : http://www.valerielinder.fr/  


Ce numéro 35|36 est disponible, contre un chèque de la somme de 10 euros (franco de port) à l’ordre de « Association Contre-allées poétiques », à l’adresse suivante :

Revue & éditions Contre-allées
c/o Amandine Marembert et Romain Fustier
16 rue Mizault
03100 Montluçon


Vous pouvez en profiter pour visiter le blog de la revue & des éditions Contre-allées : http://contreallees.blogspot.fr

lundi 15 juin 2015

Albert Camus. Des êtres qui vous libèrent…

Plus je vieillis et plus je trouve qu'on ne peut vivre qu'avec les êtres qui vous libèrent et qui vous aiment d'une affection aussi légère à porter que forte à éprouver."

Albert Camus à René Char, Correspondance 1946-1959, Gallimard

mercredi 3 juin 2015

Les paradis sont perdus

Je relaie ici l'article de Raphaël Picon, paru dans Evangile et liberté, juin 2015, parce que je le trouve pertinent, interpellant. Chacun est libre d'y réagir comme ça lui vient, bien sûr :

"Les paradis sont perdus.
Et avec eux, nos assurances tranquilles, la permanence d’un état de grâce, celui de l’irréversibilité de nos liens aux autres, à l’univers et à Dieu. Cet éden de luxe, de calme et de volupté s’en est allé. Il s’est détaché de nous brutalement ou au gré du temps, sans que nous ne sachions réellement pourquoi. Cette sortie du paradis nous a expulsés du monde de l’insouciance.
Et nous devons maintenant faire avec. Faire avec la perte, inéluctable, celle des êtres chers, d’une santé de fer, des lendemains assurés pour l’éternité. Nous devons faire avec le désordre, celui des repères qui sont maintenant à jamais brouillés, des garanties qui n’en sont plus, le désordre d’une vie qui peut d’un coup basculer, s’effondrer. Oui, nous devons faire avec tous ces paradis perdus. Mais c’est peut-être de là, de cette acceptation sereine, que nous viendra le plus grand des secours. Certains, ceux qui y croient et qui ont les mots pour le dire, y déchiffreront la trace de Dieu qui, de manière clandestine, ensemence tout sur son passage. D’autres y verront la chance d’une belle étoile. Accepter sereinement la perte du paradis comme ultime secours ? Oui, car se confronter lucidement au monde tel qu’il est, c’est le connaître pour mieux lui faire face. Oui, car accepter que le paradis soit perdu, c’est renoncer à la prétention de le saisir, de s’y accrocher et de le retenir. C’est s’obliger alors à se mettre résolument à l’affût de tous ces signes d’amour qui, inépuisables, ne se livrent que par fragments, de ces fulgurances de bonheur qui nous saisissent si intensément qu’elles nous permettent de tenir debout. Les lecteurs des évangiles le savent : dans la nuit obscure il y aura toujours un poète, un ami, un prophète pour nous dire : mais non, relève-toi mon ami, la vie continue ! Il nous dira aussi : les paradis sont perdus, mais il tombera toujours de la table du banquet quelques miettes pour raviver en toi le goût de la vie, le désir des autres. Et ce sera alors cela, notre paradis."
Raphaël Picon
Professeur de théologie pratique
Institut Protestant de théologie, Paris.

mardi 19 mai 2015

Colloque "Ricœur et la philosophie allemande de Kant à Dilthey"

Du mercredi 10 juin (14h) au vendredi 12 juin (13h)

Organisation : Gilles Marmasse (Université de Poitiers), Roberta Picardi (Université de
Pavie-Fonds Ricœur), Alexander Schnell (Université Paris-Sorbonne).

Argument :

Le long itinéraire spéculatif de Ricœur se développe en un dialogue continu avec la pensée allemande – avec la philosophie mais aussi avec la littérature et la théologie. Ricœur s’est montré un interprète inspiré, mais aussi un découvreur. Si, chez lui, les rapports à la culture allemande sont divers et changent au cours des années, la philosophie classique allemande reste continûment un fil conducteur. En particulier, Ricœur ne cesse de se référer à La religion dans les limites de la simple raison de Kant et aux Principes de la philosophie du droit de Hegel.

Alors que les rapports de Ricœur à la phénoménologie ont été régulièrement explorés, ses rapports avec la pensée allemande du XVIIIe et du XIXe siècle n’ont jamais fait, en français, l’objet d’une étude synthétique. Nous nous proposons de combler ce vide.
Le colloque sera organisé non par auteurs mais par séquences thématiques : le problème de méthode de la philosophie tout d’abord, puis la question de la pratique, enfin celle du symbole et de la religion.
Intervenants (liste provisoire) :

Ch. Berner (université Lille 3), A. Breitling (Hochschule Niederrhein), A. Dumont (doctorante, EHESS), M. Foessel (Ecole polytechnique), L. Fonnesu (Università degli studi di Pavia), L. Gallois (Centre Sèvres), J. Greisch (Institut catholique de Paris), P. Grosos (université de Poitiers), G. Marmasse (université de Poitiers), J. Michel (université de Poitiers), J.-C. Monod (CNRS-ENS), Ch. Pavan (doctorante, Paris IV), R. Picardi (Fonds Ricœur), I. Röhmer (Universität Wuppertal), A. Schnell (PSUAD), L. Siep (Universität Münster), O. Tinland (université Montpellier III)

Lieux :
Le 11/06 - Hall de la Faculté Protestante, 83 Bd Arago, 75014, Métro : Denfert.
Le 10 et 12/06 - Université Paris – Sorbonne

dimanche 3 mai 2015

Enigme.

 Etait-ce le matin ou le soir ?
Je ne m'en souviens plus.
Tout ce qui me reste comme souvenir de cette rencontre c'est un semblant de dialogue, que je restitue ici de mémoire:
Elle: On se connaît à peine, mais tu n'a pas arrêté de dire "c'est ceci/ce n'est pas ceci"
Moi: pour toi il n' y a pas de disjonction…
Elle: En affirmant ou en infirmant, tu ne questionnes pas, tu t'immobilises, et le chemin s'efface…
Moi: Tu voudrais que je questionne sans avoir jamais parlé ?
Elle (me regardant avec compassion): oui, sans que tu t'attaches.
Moi: Sans que je m'attache à quoi, à qui ?
Pour toute réponse, elle me fit un signe de la main en s'éloignant, que j'interprétai comme la trace sensible de notre brève et évanescente rencontre!

lundi 27 avril 2015

Phénoménologie de l'intotalisable

"Face à une logique de système qui entend ressaisir le sens de ce qui est en le totalisant, l'existant fait l'épreuve délicate d'une réalité qui toujours lui échappe, qui n'est jamais ce qu'il attend qu'elle soit, qui ne cesse de contredire toute espérance de maîtrise. 
Or, penser cette réalité signifie précisément renoncer à l'exigence philosophique du système, selon laquelle nous pourrions clôturer la signification des êtres, des choses comme des événements.
Mais il ne s'agit nullement de renoncer à la philosophie, et cela ne nous voue pas davantage à l'absurdité ou au tragique supposé du monde.
D'une tout autre façon, il nous faut accéder à un type de rationalité dont la vocation n'est pas de totaliser le sens, mais de décrire ce qui est comme ce avec quoi l'on ne peut jamais en avoir fini. Telle est la vocation originaire de la phénoménologie, qui n'est pas de transformer en thème chaque phénomène qu'elle aborde, mais à l'inverse de le décrire dans la façon qu'il a de nous apparaître."

Philippe  Grosos, Phénoménologie de l'intotalisable, Cerf, 2013

jeudi 16 avril 2015

Essais sur Blanchot

Holland.jpg4è de couverture :

Écrire sur Blanchot est un défi, tant son oeuvre est diverse, variée. Chercher à l'organiser autour d'une unité conceptuelle, littéraire ou philosophique semble une tâche vaine, voire contradictoire. Dès lors, il ne faut pas prétendre à en faire une présentation synthétique, unifiée et unifiante. Au contraire, le critique doit se montrer humble et réduire son ambition en-deçà : seul un « avant dire », qui n'est évidemment pas un « avant lire », peut accompagner, en toute fidélité, l'itinéraire de cet écrivain, et éclairer çà et là une oeuvre qui recèle encore bien des inconnus.

Tel est l'enjeu de ce livre : des fictions aux écrits théoriques, de la politique aux rencontres à la fois philosophiques et poétiques, Michael Holland examine avec précision les parcours multiples et parfois contradictoires qui traversent cette oeuvre et en sont comme la « marque ».

Michael Holland enseigne la littérature française à l'université d'Oxford (St Hugh's College). On lui doit la première bibliographie des écrits de Maurice Blanchot (1975, 1981). Il est l'auteur depuis trente ans de nombreuses études de l'oeuvre de Blanchot, en français et en anglais, et le traducteur des Chroniques littéraires du « Journal des Débats » (Fordham University Press). Il est un des fondateurs des Cahiers Maurice Blanchot.

Ce volume reprend les articles de Michael Holland hormis celui paru dans Gramma n°3/4 (1976).
Il comporte deux textes inédits : "Parole(s) de pugiliste. Entre Char et Blanchot" et "Comment trancher "le noeud paradoxal" ? Blanchot et Levinas".
Le livre est organisé en cinq parties :
- Fiction
- Politique
- Contre le nihilisme
- Rencontres
- Envoi

Michael Holland, "Avant dire. Essais sur Blanchot", Hermann, 2015

jeudi 9 avril 2015

Dimanche de Pâques

Ce matin à l'aube
j'ai vu la lune
qui a vu le soleil
et qui tranquille
s'en est allée
me laissaant émerveillé!

Joyeuses Pâques à tous.

samedi 4 avril 2015

Vendredi Saint

Ponce Pilate, après avoir livré Jésus, aurait dit:
"Je m'en lave les mains."
Comment s'en laver les mains ? Par quel pouvoir ?
Au contraire, les mains sales, il faut les montrer.
Il faut se les approprier comme fruit de mon acte, volontaire ou pas.
Puis, puis…attendre!
Entrer dans le silence, avec ses mains, les mêmes, toujours sales.
Attendre…, le premier jour de la semaine, comme l'écrit l'évangéliste :
PÂQUES!
Passage irréversible de la culpabilité au pardon, de la mort à la vie!

mercredi 1 avril 2015

LES MERCREDIS DE l’IESR (Institut européen en sciences des religions)


A tout hasard, et dans l'urgence, je vous communique l'info suivante:

Bernard Godard présentera ce soir à l’EPHE (Ecole Pratique des Hautes Etudes) son dernier livre “La question musulmane en France”, avec comme discutant Philippe Gaudin, de l’Institut européen en sciences des religions, spécialiste de la Laïcité et membre de la Commission de la Fédération Protestante de France chargée des relations avec l’Islam, dont je fais moi-même partie.
Présentation :
La question musulmane en France (Fayard, 2015) développe un certain nombre de points qui sont le signe d’une évolution récente de l’islam à l’intérieur de nos frontières européennes. Les évolutions géopolitiques du monde musulman, les échos de l’affrontement entre Israël et le Hamas bouleversent en effet en profondeur la réalité de l’islam dans notre société. Marqué par l’affirmation de deux hégémonies, marocaine et turque, sur nos propres communautés, l’islam traditionnel tend à être décrédibilisé depuis l’apparition d’un islam combattant, voire terroriste, apparu depuis l’affaire Merah et surtout depuis la guerre en Syrie. Celle-ci a suscité de nombreuses vocations djihadistes au cœur même de notre pays.
Quel est le rôle des imams, quelle place pour les mosquées dans la cité, pour les écoles coraniques, quelle est l’influence d’Internet dans cette évolution? Voici quelques-unes des interrogations, parmi de nombreuses autres, que soulève ici Bernard Godard. Il analyse également en profondeur les arrière-plans de l’islamophobie et la guerre des cultures que ces questions génèrent au cœur de notre société.
1er avril 2015, à 18h30
EPHE - Bâtiment Le France, aile B, 1er étage, salle 117
190 av. de France, Paris 13e [Métro Quai de la Gare]
Entrée libre
Programme des prochains mercredis de l’IESR : www.iesr.fr Suivez-nous également sur twitter @IESR_EPHE

mercredi 25 mars 2015

Soumission

Une provocation, une farce, un récit de politique-fiction, une fable visionnaire ? Vous l'avez peut-être deviné, je veux parler bien sûr de "Soumission", dernier roman de Michel Houellebecq paru en janvier dernier (Flammarion).
Pour en débattre, les membres du Cercle de Lecture se retrouveront le 13 mai à Paris, à 20h30. Les places étant très limitées, comme d'habitude, si vous envisagez de vous joindre à nous, merci de me prévenir le plus tôt possible. Nos soirées se passent autour d'un repas convivial offert par la personne qui reçoit. A bientôt, peut-être ?

dimanche 8 mars 2015

On peut mourir de penser

"Ulysse en haillons est reconnu par son vieux chien Argos.

La scène est bouleversante parce que aucun homme et aucune femme sur l'île d'Ithaque n'a encore reconnu Ulysse déguisé en mendiant : c'est son vieux chien, Argos, qui reconnaît cet homme tout à coup.
Le premier être surpris à penser, dans l'histoire européenne, est un chien.
C'est un chien qui pense un homme.
Je reprends la scène : Le chien est étendu sur le fumier. Au son d'une voix qui s'élève près de la porte, il lève la tête. Il voit un mendiant en train de parler avec le porcher. Mais le déguisement ne trompe pas longtemps le chien : il pense Ulysse dans le mendiant.
Or, au même instant, soudain, c'est Ulysse lui-même qui ressent qu'on le reconnaît dans l'espace (que quelqu'un "pense" à lui dans le milieu). Ulysse regarde autour de lui, il aperçoit, enfin, pas très loin du portail, gisant sur le tas d'ordures et de pailles souillés, son très vieux de chasse, Argos, avec qui il courait les sangliers, les cerfs, les lièvres, les bouquetins vingt ans plus tôt, quand il était le roi de l'île.
Ulysse ne veut surtout pas être reconnu. Il essuie en hâte une larme qui coule sur sa joue qu'il a préalablement salie avec un bout de bois charbonneux en sorte de ne pas être identifiable.
Argos, quant à lui, lève les yeux, tend son museau dans l'air, "pense" Ulysse dans le mendiant, remue la queue, couche ses deux oreilles, meurt.
Il pense et il meurt.
Ainsi le premier être qui pense dans Homère se trouve être un chien parce que le verbe "noein" (qui est le verbe grec qu'on traduit par penser) voulait dire d'abord "flairer". Penser, c'est renifler la chose neuve qui surgit dans l'air qui entoure."

Pascal Quignard, Mourir de penser, Grasset, p.17-18

mercredi 4 mars 2015

Pascal Quignard

"Oïstrakh et Stern étaient amis. C'étaient de véritables amis. Cette amitié dura vingt ans sans qu'elle se démentît jamais. Seule la mort, qui n'accomplit rien, y mit un terme. La dernière fois qu'ils se virent, ce fut à Londres, en 1974. Oïstrakh n'avait que soixante-six ans alors mais il sembla à Stern qu'il avait l'air complètement épuisé. Il avait pris beaucoup de poids. (Il allait mourir trois mois plus tard.) Isaac Stern prit la main de son ami et lui dit:
— Tu es fatigué, David.
— Oui.
— Quitte ton pays. Viens te reposer.
— Je ne peux pas, Isaac. Ils ne laissent pas ma femme et mes enfants voyager avec moi.
— Alors travaille moins.
— Je ne peux pas. Si j'arrête de jouer, je pense. Si je me mettais à penser, je mourrais."

Mourir de penser, éditions Grasset, p.16

lundi 2 mars 2015

Les journées du Fonds Ricœur

Paul Ricœur et les éthiques du care. Regards croisés 

Lundi 9 mars 2015

Org. : Cyndie Sautereau et Marjolaine Deschênes

Argumentaire:

Paul Ricœur n’a cessé de dialoguer avec des pensées autres, différentes, parfois opposées, dialogue qui s’est toujours révélé d’une grande fécondité et que nous souhaitons ici poursuivre en proposant une rencontre entre sa philosophie et les éthiques du care. Bien que les lieux de rapprochement et de discussion possibles soient multiples, force est de constater que leur exploration ne fait que commencer. De fait, ces deux perspectives sont longtemps restées à l’état de « deux solitudes », sans doute parce qu’elles appartiennent à des traditions de pensées différentes. Ricœur forge son œuvre à partir de la tradition réflexive, de la phénoménologie et de l’herméneutique, alors que les éthiques du care trouvent leur source dans l’empirisme et la sensibilité de la tradition anglo-saxonne (Hutcheson, Hume), plus particulièrement dans la psychologie du développement moral avec l’ouvrage fondateur de Carol Gilligan (In a Different Voice, États-Unis, 1982) et dans les études féministes qui lui succèdent. Ainsi, aux États-Unis, les études sur le care ont pris de l’ampleur grâce aux travaux de Joan Tronto, Nel Noddings, Eva Feder Kittay, Virginia Held ou encore Sara Ruddick, pour ne citer qu’elles. En France, ce n’est qu’à partir des années 2000 que les réflexions sur le care trouvent leur voix sous l’impulsion, notamment, de Sandra Laugier, Patricia Paperman, Pascale Molinier et Fabienne Brugère.
Malgré cet écart des traditions, des chercheuses et chercheurs ont commencé à cerner des voies de recoupement entre la pensée de Ricœur et les éthiques du care, notamment dans le champ de l’éthique appliquée aux métiers de soin. Erlingsson (2011) s’inspire de la « symbolique du mal » de Ricœur pour améliorer la compréhension du récit de la femme âgée abusée. Potvin (2010) estime que la « petite éthique » de Ricœur offre un cadre théorique efficace pour les cliniciens et bioéthiciens, grâce au savoir, au savoir-faire et au savoir-être qu’elle thématise. D’autres en appellent à Ricœur dans leurs travaux sur la « conversation caring » entre soignant et soigné (Fredriksson 2003, Olthuis, Dekkers et Leget 2005), la compréhension du récit du patient en santé mentale (Lorem 2008, Lyle 1998, Norbertg, Talseth et Gilje 2003) ou celle des responsabilités qui incombent aux infirmières (Sørlie, Kihlgren et Kilhgren 2005); enfin pour repenser le concept de responsabilité en bioéthique (Turoldo et Barilan 2008). Se référant à la poétique éthique ricœurienne, Revault d’Allonnes (2011) a réfléchi aux « vies sans narrateur », tandis qu’Abel (2006) a suggéré qu’il se trouve une « sagesse pratique du care » chez Ricœur, orientée vers autrui sous la modalité du proche.

L’actualité et la pertinence d’un tel rapprochement sont encore attestées par le numéro de la revue Medicine, Health, Care and Philosophy publié en novembre 2014 et dont le thème est, justement, « Ricœur and the Ethics of Care ». Dans son article, Theo Hettema noue le dialogue autour de la question de l’autonomie et de la vulnérabilité. En faisant valoir que Ricœur permet de les penser de façon dialectique, il montre que les personnes vulnérables sont aussi porteuses de capacités. Van Stichel s’immisce dans le débat sur la relation entre le care et la justice pour réfléchir à l’apport que Ricœur peut y faire. Elle prend notamment appui sur la tension dialectique que ce dernier entretient entre les sphères publique et privée ainsi que sur son analyse du rapport – là encore dialectique – qu’il entrevoit entre amour et justice. De Lange croise les deux pensées autour du soin aux mourants alors que Van Nistelrooij aborde leur rapprochement à partir de la question du sacrifice de soi. Par ailleurs, si dans leur éditorial, Van Nistelrooij et Schaafsma pointent ce qui justifie la mise en dialogue de ces deux courants (une critique commune de la modernité à travers l’attention portée à la fragilité humaine; l’importance, chez Ricœur, du thème de la sollicitude; ou encore leur style de pensée qui n’abolit pas les complexités inhérentes aux questions abordées, mais cherche plutôt à les faire travailler), ils n’hésitent pas également à identifier ce qui les éloigne. À cet égard, la philosophie de Ricœur – plus abstraite et conceptuelle – n’est pas, selon eux, orientée vers la pratique comme peuvent l’être les éthiques du care. C’est d’ailleurs la tension qui court dans les articles de ce numéro et que Tronto ne manque pas de relever dans la lecture critique qu’elle fait de ces textes, questionnant par là même la nécessité d’une fondation anthropologique que la philosophie ricœurienne pourrait apporter aux éthiques du care.
Le dialogue entre la pensée de Paul Ricœur et les éthiques du care est donc engagé et, dans cette veine, notre journée d’étude a pour objectif de le vivifier, dans une perspective très ouverte et pluridisciplinaire. Outre l’approfondissement et le retour critique sur des thématiques déjà mises en travail comme la fragilité, la sollicitude, le soin ou encore la relation entre le care et la justice, de nombreuses autres catégories demandent encore à être explorées. Citons à titre d’exemple l’attention, la voix, la vulnérabilité, le don, la souffrance et la douleur, l’asymétrie et la mutualité, les processus de reconnaissance (Ricœur) et ceux qui rendent invisibles (Tronto).

PROGRAMME :

9h00 à 9h15                    Mot d'accueil

 9h15 à 10h15                  Marjolaine Deschênes (EHESS/Fonds Ricœur)
                                         L’attention aux récits tragiques sur soi, entre ‘éthique du care’
                                         et ‘phénoménologie de l’homme capable’. Gilligan et Ricœur sur l’Œdipe

10h15 à 11h15                 Damien Tissot (Cornell University, New York)
                                         Du ‘beau nom de sollicitude’ à une politique féministe de la traduction
  
11h15 à 11h30                  Pause

11h30 à 12h30                  Jean-Philippe Pierron (Université Lyon 3)
                                          Du ‘care’ à la sollicitude. C. Gilligan, M. Nussbaum, P. Ricœur

12h30 à 14h30                   Pause déjeuner

14h30 à 16h00                  Olivier Abel (IPT/EHESS) et Sandra Laugier (Sorbonne-Paris 1)
                                          L’utopie d’une société du ‘care’


16h00 à 16h15                   Pause

16h15 à 17h15                   Cyndie Sautereau (Fonds Ricœur, Paris)
                                           Promesses et limites de l’empathie pour une éthique du souci des autres.          
                                           (Paul Ricœur et l’éthique féministe de Diana T. Meyers)

Lieu : Hall de la Faculté Protestante, 83 Bd Arago, 75014. RER : Denfert. www.fondsricoeur.fr

lundi 23 février 2015

Jean-Luc Marion, Le phénomène érotique.

Sur la couverture une peinture de Gustave Courbet, pas celle à laquelle vous pensez, mais "Les Amants dans la campagne (1844), moins connue certes que "L'origine du monde" (1866), mais quelle puissance érotique!
Justement, c'est le sujet principal de l'essai de Jean-Luc Marion "Le phénomène érotique", publié (on peut le trouver en livre de poche) chez Grasset.
Il s'agit, vous l'avez compris, d'une approche philosophique de l'éros, non pour l'expliquer (qui peut expliquer l'amour ?), mais pour montrer, décrire en quelque sorte comment se montre, se donne à expérimenter le phénomène érotique.
Je cite: "L'amour, nous en parlons toujours, nous l'expérimentons souvent, mais nous n'y comprenons rien, ou presque. La preuve: nous le déchirons entre des contraires— éros et agapé, jouissance brute et charité abstraite, pornographie et sentimentalisme. Il en devient absurde ou insignifiant (…). Je conteste ce verdict. L'amour ne dérive pas de l'égo, mais le précède et le donne à lui-même."

Il n'est pas nécessaire d'être philosophe soi-même pour goûter au plaisir que procure ce livre, il suffit de ne pas céder à l'impatience et d'y aller pas à pas, à son propre rythme, quitte parfois à revenir sur ses pas, relire, puis repartir…sans précipitation. Bonne lecture!

mercredi 14 janvier 2015

Rencontre avec Christiane Veschambre

A l'occasion de la parution de

Versailles Chantiers
texte : Christiane Veschambre
photographies : Juliette Agnel
Editions Isabelle Sauvage

la librairie Michèle Ignazi
a le plaisir de vous inviter à une rencontre avec

 Christiane Veschambre

le vendredi 16 janvier 2015
à partir de 19 heures

Librairie Michèle Ignazi
17, rue de Jouy
75004 Paris
01 42 71 17 00

mardi 13 janvier 2015

Après Charlie

Encore sous le coup de ces jours terribles qui ont assombri le pays…
Mais qui lui ont aussi, presque en même temps, redonné sa fierté d'être un peuple façonné et épris de liberté!
Ne jamais oublier ça!
Et maintenant, comme dirait Achille à ses amis, n'oublions pas de manger.

vendredi 2 janvier 2015

J'arrive où je suis étranger

Rien n'est précaire comme vivre
Rien comme être n'est passager
C'est un peu fondre comme le givre
Et pour le vent être léger
J'arrive où je suis étranger

Un jour tu passes la frontière
D'où viens-tu mais où vas-tu donc
Demain qu'importe et qu'importe hier
Le coeur change avec le chardon
Tout est sans rime ni pardon

Passe ton doigt là sur ta tempe
Touche l'enfance de tes yeux
Mieux vaut laisser basses les lampes
La nuit plus longtemps nous va mieux
C'est le grand jour qui se fait vieux

Les arbres sont beaux en automne
Mais l'enfant qu'est-il devenu
Je me regarde et je m'étonne
De ce voyageur inconnu
De son visage et ses pieds nus

Peu a peu tu te fais silence
Mais pas assez vite pourtant
Pour ne sentir ta dissemblance
Et sur le toi-même d'antan
Tomber la poussière du temps

C'est long vieillir au bout du compte
Le sable en fuit entre nos doigts
C'est comme une eau froide qui monte
C'est comme une honte qui croît
Un cuir à crier qu'on corroie

C'est long d'être un homme une chose
C'est long de renoncer à tout
Et sens-tu les métamorphoses
Qui se font au-dedans de nous
Lentement plier nos genoux

O mer amère ô mer profonde
Quelle est l'heure de tes marées
Combien faut-il d'années-secondes
A l'homme pour l'homme abjurer
Pourquoi pourquoi ces simagrées

Rien n'est précaire comme vivre
Rien comme être n'est passager
C'est un peu fondre comme le givre
Et pour le vent être léger
J'arrive où je suis étranger

Louis Aragon

 Nous sommes au téléphone depuis une dizaine de minutes, je ne suis pas du tout à l'aise : —Attends s’il te plaît, lui dis-je, donne-moi...