mercredi 13 février 2008

Citation du jour

"L'idée de ne vivre subjectivement que dans le présent semble contraire à l'intuition. Par exemple, devant le souvenir d'un événement passé, on est légèrement surpris de se rendre compte que l'expérience du souvenir se passe maintenant.
Nous re-vivons peut-être quelque chose, mais nous le re-vivons maintenant. Nous sentons intuitivement que nous n'avons pas effectué de retour en arrière. Même le récit d'un événement antérieur de quelques minutes se passe maintenant. Un récit est une expérience située dans le présent, bien qu'il renvoie à un moment présent qui s'est produit dans le passé.
Nous nourrissons des attentes à propos de l'avenir, mais elles sont également vécues maintenant. On peut en dire autant des fantasmes, des rêves et des révisions après les faits".
(Daniel N. Stern)

4 commentaires:

lionel a dit…

Merci Alkaly car tu réponds par ton invitation à un profond et très ancien désir de partager sur les mots.Quelle "intuition"...encore...
Appliquons nous ensemble,et quelque peu, au bonheur relatif d'entreprendre la démarche salutaire de comprendre le monde, de comprendre son monde.
Ici l'auteur touche aussi à la question fondamentale du temps, cette inaccessible dimension imposée à l'homme. Le passé n'est plus; le futur n'est pas encore, alors il ne reste le présent qui jamais ne demeure.Où suis-je? Alors tout n'est qu'une succession d'évènements qui vont et qui viennent parfois légèrement modifiés, donc connus, reconnus mais pourtant autres, autrement. Saint Augustin écrit " Si rien ne se passait, il n'y aurait pas de temps passé." Donc ni présent, ni futur selon notre capacité humaine à percevoir le temps. Nous ne sommes donc que le produit en perpétuel mouvement d'un succession ininterrompue d'évènements survenus et à venir. Enserrés dans l'étau du vivre ou enchâssés dans l'écrin du présent? C'est la palette du passé qui donnera les couleurs de demain dans les nuances du présent.

Alkaly Cissé a dit…

"Où suis-je ?" C'est ta question, Lionel. En effet, si "tout n'est qu'une succession d'événements qui vont et qui viennent…", rien n'est sûr, car rien (passé-présent-futur) ne "demeure".
Oui, mais, qui fait ce constat sinon une présence, sinon quelqu'un qui a conscience d'être dans le présent.
On n'est jamais ailleurs que dans le présent, même quand je suis absorbé par un souvenir ou par un projet, c'est "maintenant" que cela se passe. nous vivons dans une succession de moments présents.
A la question "où suis-je ?" on peut répondre: "ici-maintenant", mais cette réponse ouvre aussitôt à une autre question, lancinante, angoissante: "qui suis-je?". Mais celle-là, c'est une autre question, en effet. Qu'en penses-tu?
je suis stimulé de poursuivre ce dialogue avec toi, et aussi avec les autres.
A bientôt, j'espère.
Alkaly

lionel a dit…

Je me dois de répondre à la question qui suis-je par la question essentielle qui en découle : Qui sommes-nous,les hommes? Le pur produit du hasard ou le produit pur de l'œuvre de Dieu? Si je suis le simple produit répliqué d'une association très organisée de molécules qui constitue l'homme, je dois me réjouir de vivre en étant le résultat d'une myriade de hasards. Si j'appartiens à l'oeuvre de Dieu, alors je dois surtout me réjouir de la puissance de ce Dieu capable de donner la vie sous des formes aussi accomplies et de m'avoir accordée la grâce de m'inclure fusse de manière infinitésimale dans son projet de Création. Davantage encore, ce même Dieu Créateur me fait la promesse de la résurrection. Cette promesse demeure hors du champs des connaissances scientifiques actuelles et ne tient plus qu'à moi, qu'à ma foi. Je décide de mon plein gré de croire que je suis un enfant de Dieu le Père ( Dieu respecte aussi ma liberté)et Dieu me fait connaitre que je suis son enfant.Pour le reste, qui suis-je en tant que personne, ne relève plus que de la simple anecdote, celle de ma vie.atvan

Alkaly Cissé a dit…

Je partage entièrement ton analyse, Lionel. La question "Qui suis-je?" n'est pas envisageable dans l'absolu sans celle englobante "Qui sommes-nous?". La question reste pertinente surtout si on l'étend à l'Univers entier! Simple fruit du hasard ou résultat d'une volonté créatrice, en l'occurrence celle de Dieu ?
Le croyant que je suis répond par la seconde, à partir d'une expérience spirituelle personnelle où je me reconnais en Christ comme enfant de Dieu.
Cela posé, l'individu que je suis est soumis aux mêmes contingences,aux mêmes interrogations existentielles que n'importe qui: ma foi ne fait pas de moi un homme accompli. Comme tout le monde je suis une oeuvre inachevée et il en sera ainsi tant que j'habiterai ce corps et sur cette terre. Il y a des moments où cela me pèse et me révolte, et puis d'autres moments où je rends grâce à Dieu d'être vivant et de pouvoir donner le meilleur de moi-même pour aider à améliorer les conditions de vie là où je suis placé momentanément ou durablement.
Ce faisant, je participe (modestement) à l'extraordinaire élan vital qui anime et conduit la création entière vers un destin qui me transcende et qui est connu de Dieu seul!
J'essaie d'être attentif à ce qui se passe pour moi, comment je suis en relation avec l'autre dans le moment présent, et quels changements cela vient solliciter en mon fort intérieur.
Voilà, ami. je te passe le relais!

 Nous sommes au téléphone depuis une dizaine de minutes, je ne suis pas du tout à l'aise : —Attends s’il te plaît, lui dis-je, donne-moi...